Algérie – France : une mésentente cordiale
En visite à Alger, le ministre français de l’Intérieur Claude Guéant a pu mesurer l’ampleur des désaccords politiques entre les deux pays.
Contrairement à ses deux précédentes visites à Alger, Claude Guéant, ministre français de l’Intérieur, n’a pas été reçu par le président Abdelaziz Bouteflika. Il est vrai qu’il n’est plus secrétaire général de l’Élysée et que son séjour était trop bref (quelques heures, le 4 décembre) pour envisager une audience à El-Mouradia. Mais il a eu droit à une rencontre avec le Premier ministre et une longue séance de travail avec son homologue algérien, Dahou Ould Kablia. Priorité a été accordée à un dossier bilatéral : la révision des accords algéro-français de décembre 1968 qui prévoient un système dérogatoire pour les migrants algériens. Arguant de la nouvelle politique en matière de conditions de séjour des étrangers en France, Guéant a tenté d’infléchir la position de ses interlocuteurs, qui lui ont opposé une fin de non-recevoir.
Lutte antiterroriste
Le « cardinal » n’en avait pas fini avec les contrariétés. L’examen de certains dossiers politiques a révélé de profondes divergences : Printemps arabe, situation en Libye, élections en Afrique du Nord, lutte antiterroriste et contre la criminalité transfrontalière au Sahel. Ce dernier sujet intéresse particulièrement Bernard Squarcini, patron du renseignement intérieur, qui était du voyage. La France, qui compte six otages entre les mains d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), se plaint de la lenteur de la mise en place du Comité d’état-major opérationnel conjoint (Cemoc) regroupant les quatre pays du champ (Algérie, Mali, Mauritanie et Niger) et censé lutter contre Aqmi. La France souhaiterait l’installation au Nord-Mali d’une base militaire abritant une force d’intervention multinationale. Nouveau niet d’Alger, qui rejette toute idée de présence militaire étrangère au Sahel.
Ces deux revers n’ont pas empêché Guéant de caresser ses interlocuteurs dans le sens du poil. Lors d’une conférence de presse, il a jugé le processus de réformes politiques engagé par le président Bouteflika « profondément encourageant » et s’est félicité du « partenariat d’exception » entre Alger et Paris. Trois jours plus tard, Mourad Medelci, le chef de la diplomatie algérienne, faisait un exposé de la portée démocratique de ces réformes devant la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale française. Le voyage de Claude Guéant précède celui, prévu les 11 et 12 décembre, de l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, envoyé spécial du président Nicolas Sarkozy pour la coopération économique entre les deux partenaires.
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Chérif Ouazani, envoyé spécial à Alger
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