Égypte : opération séduction difficile pour les islamistes d’Al-Nour

Après sa percée surprise lors des législatives, Al-Nour fait patte de velours. Mais ses adversaires ne sont pas dupes.

Abo el-Maty, candidat du parti salafiste Al-Nour au Caire. © Reuters

Abo el-Maty, candidat du parti salafiste Al-Nour au Caire. © Reuters

Publié le 21 décembre 2011 Lecture : 2 minutes.

« Ensemble sur le chemin de la lumière. » C’est le slogan d’Al-Nour (« la lumière »), premier parti salafiste d’Égypte, qui a créé la surprise le 28 novembre en obtenant près de 25 % des suffrages lors de la première phase du scrutin législatif, juste derrière les Frères musulmans et devant le bloc libéral, qui lui n’a recueilli qu’à peine 15 % des voix. Une surprise qui n’aura pas été démentie par la seconde phase des élections : les salafistes auraient ainsi obtenus près de 33% des sièges disputés au scrutin proportionnel à liste.

Fort de 100 000 adhérents et de 17 bureaux régionaux, Al-Nour joue depuis la carte de l’ouverture. « Nous ne voulons marginaliser personne. Tout le monde a le droit de participer à la vie politique de notre pays, que ce soit les femmes ou les chrétiens », explique ainsi Yousri Hammad, porte-parole du parti. Dans un communiqué publié le 5 décembre sur internet, le président d’Al-Nour, Imad Abdel Ghafour, affirmait être favorable à une alliance avec les Frères musulmans, ajoutant même qu’une telle alliance devait s’inscrire dans le cadre d’une coalition nationale élargie.

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Scandale

Il en faudra cependant plus pour calmer l’inquiétude des libéraux et des Coptes, qui crient au double langage. Il y a quelques jours, un des plus célèbres candidats d’Al-Nour, Abdel Moneim al-Chahat, faisait scandale lors d’une interview télévisée en déclarant que l’œuvre de l’écrivain Naguib Mahfouz était une « incitation à l’athéisme ». Interrogé sur les propos de son collègue, Abdel Ghafour répond d’un ton las : « Cela fait soixante ans que l’on parle de Mahfouz, il est temps de passer à autre chose. Et puis tout le monde a le droit d’exprimer son avis, non ? »

À cela s’ajoute la question de l’origine des fonds dont dispose le parti, soupçonné d’être financé par des monarchies du Golfe. « Depuis des années nous offrons nos services à la société égyptienne sans rien attendre en retour. Nous sommes connus pour notre intégrité et notre transparence », se défend Yousri Hammad, qui ajoute, agacé : « Notre budget vient essentiellement des dons que nous recevons. Que celui qui a des documents prouvant le contraire les présente au procureur général ! »

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