Tunisie : Ghannouchi vu par les Américains

Le leader d’Ennahdha Rached Ghannouchi a passé trois jours aux États-Unis. Une visite discrète, mais commentée avec une certaine méfiance par la presse locale.

Rached Ghannouchi a été reçu par le magazine Foreign Policy à Washington le 1er décembre.. © DR

Rached Ghannouchi a été reçu par le magazine Foreign Policy à Washington le 1er décembre.. © DR

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Publié le 19 décembre 2011 Lecture : 2 minutes.

C’est sur un ton dubitatif que les journaux washingtoniens ont commenté la visite aux États-Unis de Rached Ghannouchi, patron du parti islamiste Ennahdha et grand vainqueur des élections tunisiennes du 23 octobre. Invité par le magazine Foreign Policy (FP), qui lui a remis une récompense le 1er décembre, Ghannouchi en a profité pour passer trois jours à Washington. Marc Lynch, journaliste à FP, le décrit comme un intellectuel, mais aussi comme un prêcheur portant la bonne parole. Pour l’éditorialiste, cette visite est un « signe des temps ». Après le Printemps arabe, qui a enthousiasmé les Américains, l’islamiste, longtemps persona non grata aux États-Unis, est en pleine opération séduction. Son but : rassurer ceux qui craignent l’arrivée des « barbus » au pouvoir dans la région.

Mais les attentats du 11 Septembre et la guerre contre le terrorisme ont laissé des traces dans les esprits, et les commentateurs semblent avoir du mal à croire qu’on puisse être à la fois islamiste et respectueux des règles de la démocratie. Dans le National Review, un magazine conservateur très influent, la visite du responsable tunisien est traitée avec une ironie mordante. « Oui, vous avez bien lu : le Muslim Public Affairs Council (MPAC) a manœuvré pour recevoir Rached Ghannouchi dans le quartier de Capitole Hill ! » commente Andrew McCarthy, s’empressant de rappeler que le MPAC a des liens avec les Frères musulmans d’Égypte et surtout avec le Hezbollah libanais.

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Double langage

Mais c’est surtout la question israélienne qui obsède les journalistes conservateurs. Plusieurs d’entre eux ont exhumé des propos qu’aurait tenus Ghannouchi à un quotidien arabophone et dans lequel il sous-entendrait que l’élimination de l’État hébreu pourrait intervenir plus vite qu’on ne le croit. De là à suggérer que le leader d’Ennahdha manie le double langage, il n’y a qu’un pas, que le Weekly Standard n’hésite pas à franchir. Dans un article intitulé « L’islamiste tunisien qui regardait vers le futur », ce magazine proche des néoconservateurs insiste sur les contradictions de Ghannouchi. Certes, ce dernier « a surpris en déclarant que chacun était libre de quitter une religion et d’en changer. […] Mais son patron, Youssef al-Qaradawi, président de l’Union internationale des savants musulmans, a une conception bien plus traditionnelle de l’apostasie », commente le magazine. 

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