Côte d’Ivoire : Sotici, sauvé par l’export
Pour résister aux fluctuations du marché national, l’usine de fabrication de tubes en PVC et en polyéthylène Sotici mise depuis dix ans sur la diversification géographique. Avec succès.
À Abidjan, Sotici s’affiche sans complexe. Sur le boulevard Valéry-Giscard-d’Estaing, de grands panneaux lumineux proclament son statut de leader en Afrique de l’Ouest. Ses contrats l’entraînent en réalité au-delà, puisque la compagnie exporte ses tubes en PVC et en polyéthylène (PE) dans 26 pays du continent, de Johannesburg à Nouakchott. Une diversification géographique qui a sauvé l’entreprise. Plombés par la chute des commandes publiques ivoiriennes après le coup d’État de 1999, ses revenus étaient tombés à 4 milliards de F CFA (6,1 millions d’euros) en 2002, contre 12 milliards auparavant. Aujourd’hui, si Sotici affiche une production de 20 000 t par an, un chiffre d’affaires de 17 milliards de F CFA et 300 employés, c’est en grande partie grâce aux exportations, qui représentent 80 % de ses ventes et lui permettent de résister aux fluctuations du marché domestique.
Ramzi Omais est depuis 1991 à la tête de la société fondée par son oncle Moustapha Khalil en 1973. Dans son bureau, au premier étage de l’usine installée dans la zone industrielle de Koumassi, il guette comme tous les matins les fluctuations des cours du pétrole et du dollar sur son ordinateur. Une forte hausse et le coût de revient de Sotici peut grimper de 10 %. « Presque toute notre matière première [produit dérivé du pétrole] vient des États-Unis », précise Ramzi Omais. Pour éviter les mauvaises surprises dans son approvisionnement, Sotici conserve en permanence quatre à cinq mois de stock. À l’entrée de l’un des hangars de l’usine, trois silos de résine de PVC servent à préparer différents mélanges en fonction des usages. Pour réaliser des tubes destinés au transport de l’eau potable, on y ajoute un peu d’étain ; pour ceux utilisés pour les eaux usées, un peu de plomb. Pour les tubes PE – plus souples que ceux en PVC -, on utilise de la résine de polyéthylène telle quelle. Les deux types de produits sont fabriqués selon un procédé dit d’extrusion. Les granulés sont chauffés pour les transformer en une pâte ; celle-ci est ensuite poussée dans un moule qui lui donne la forme d’un tube, avant d’être refroidie.
ROLLS-ROYCE. « Entre 2008 et 2012, nous avons injecté 10 milliards de F CFA pour augmenter la capacité de l’usine », explique Ramzi Omais. L’investissement a notamment permis d’acquérir des lignes de production de tubes de gros diamètre (entre 400 et 630 mm). « Nous travaillons avec des machines allemandes, ce sont les Rolls-Royce de l’extrusion », se félicite Diop Magatte, responsable de la production. Chaque ligne coûte entre 600 et 700 millions de F CFA.
Le long d’un mur, des dizaines de rouleaux de 500 m de gaine en polyéthylène destinée à accueillir des fibres optiques attendent d’être livrés à l’équipementier télécom chinois Huawei. « Nous venons de travailler pour eux pendant six mois », explique Diop Magatte. Parmi ses clients du moment, l’usine compte aussi le chinois Sinohydro, chargé de l’adduction d’eau d’Abidjan, ou le pétrolier Addax pour un projet de bioénergie en Sierra Leone.
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Le continent a besoin d’un savoir-faire africain
Si Sotici s’est imposé en Afrique de l’Ouest, c’est notamment grâce à un contrôle qualité scrupuleux. Vitrine de l’usine dans ce domaine, son laboratoire emploie onze salariés. Écrasement, compression, allongement, résistance à l’acide et à la chaleur : la batterie de tests est presque sans limites. « Notre certification ISO 9001 [version 2008] impose une conformité réglementaire de 100 % », explique Diop Magatte. Une stratégie gagnante. La notoriété de l’entreprise ivoirienne dépasse les frontières du continent. « Nous sommes consultés pour des projets européens, mais les Turcs proposent de meilleurs prix », indique Ramzi Omais. À défaut, le patron veille à sceller son succès africain : il veut fidéliser au moins 73 % de ses clients cette année.
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