Mauritanie : cure de jouvence pour Nouakchott

La bourgade d’hier compte désormais 1 million d’habitants, jeunes pour la plupart. Plongée dans la capitale mauritanienne Nouakchott, une cité en pleine métamorphose.

En 50 ans, Nouackchott est devenue une capitale d’1 million d’habitants. © Initsogan/Wikipedia

En 50 ans, Nouackchott est devenue une capitale d’1 million d’habitants. © Initsogan/Wikipedia

Publié le 22 décembre 2011 Lecture : 3 minutes.

Mauritanie : entre modernité et fragilité
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Mauritanie : entre modernité et fragilité

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Au milieu d’une étendue désertique et broussailleuse, la première mosquée trône, immaculée, comme sortie des sables. La photo des années 1960 a bien vieilli. Ce qui n’était qu’un poste militaire, « une dune où n’existent que quelques arbustes rabougris ensevelis sous le sable fin », selon les mots du premier président du pays, Moktar Ould Daddah, est devenu, en cinquante ans, une métropole de 1 million d’habitants, qui essaie de prendre aujourd’hui des allures de ville moderne.

En ce mois de novembre, sous un soleil de plomb, les voitures filent à vive allure sur l’avenue Gamal-Abdel-Nasser, l’axe principal de Nouakchott, transformé en boulevard à deux voies. De chaque côté « du goudron », d’immenses réverbères. Depuis deux ans, la capitale fait peau neuve et, partout, le béton sort de terre : une grande voie encerclera bientôt toute la ville et coupera les grands axes (Nouadhibou, Rosso, L’Espoir…) ; les blocs, où étaient logés les jeunes fonctionnaires, emblématiques des premières constructions des années 1960, ont été détruits, et le terrain, morcelé en lots en 2010, a été vendu aux enchères publiques.

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Les arbres, contre vents et marées

Loin des sirènes médiatiques, c’est un modèle du genre. L’opération de reboisement lancée en 2010 pour lutter contre l’avancée des dunes et les incursions marines qui menacent Nouakchott se poursuit, sans relâche, sous la houlette d’Amedi Camara, le ministre de l’Environnement. Sur la partie continentale, plus de 1 million d’arbres ont déjà été plantés, mobilisant un financement de 120 millions d’ouguiyas (305 000 euros), supporté par l’État. Sur 2 000 ha de fixation biologique (plants de prosopis) et mécanique (clôture), 1 500 ha ont été réalisés. Les 500 ha restants seront finalisés d’ici à la fin de l’année. Alors qu’elle devait initialement être réalisée entre 2010 et 2013, cette phase a été réduite à deux ans tant l’opération est devenue urgente sur la partie littorale. J.S.

Désillusion

Forcément, la capitale attire. Et sa population, elle aussi, offre un nouveau visage. Des milliers de jeunes Mauritaniens ont afflué vers Nouakchott ces dernières années pour s’y sédentariser, désertant l’intérieur du pays. Difficile pourtant d’y trouver un emploi et un logement. Sans parler de l’offre culturelle : la ville n’a ni cinéma ni théâtre, et les loisirs y sont rares. Le soir venu, les rues sont tout aussi peu animées. « D’accord, il y a une nouvelle maison des jeunes et un stade, mais, au niveau des infrastructures, rien n’est prévu pour la jeunesse », reconnaît un fonctionnaire.

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Rien d’étonnant, donc, à rencontrer, chez nombre de jeunes Nouakchottois, une grande désillusion, des envies d’horizons lointains et autres rêves de visa Schengen, ainsi qu’une défiance envers les hommes politiques, qu’ils accusent volontiers de tous les maux. « Tout est trop cher et il n’y a pas d’emploi, surtout quand on n’a pas fait d’études », regrette un jeune taximan originaire de Nouadhibou (Nord-Ouest), qui exerce également dans le commerce de la ferraille. Car, ici, même s’il n’y a pas de travail, on s’active, on enchaîne les petits boulots informels, on cherche.

Menacé d’un côté par les incursions marines et de l’autre par l’avancée du désert, Nouakchott est surtout miné, au niveau des services, par les difficultés d’approvisionnement en eau. « Grâce aux nouvelles usines de traitement, nous réussirons à couvrir les besoins de la population d’ici à 2030 », promet Birane H. Wane, directeur de l’aménagement du territoire et de l’action régionale.

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En attendant, les petites charrettes chargées de bidons d’eau, tirées par des ânes, sont encore nombreuses à se presser quotidiennement autour des bornes-fontaines du marché Cinquième. Elles font aussi partie du charme de la ville, derniers vestiges du petit bourg provincial devenu l’une des agglomérations les plus importantes du Sahara. 

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