Mauritanie : pas de retraite pour l’opposant Ahmed Ould Daddah

Le chef de l’opposition n’a pas pris part au Dialogue. Et continue de monter au créneau pour critiquer le président mauritanien.

Le président du Rassemblement des forces démocratiques refuse les compromis. © Georges Gobet/AFP

Le président du Rassemblement des forces démocratiques refuse les compromis. © Georges Gobet/AFP

Publié le 22 décembre 2011 Lecture : 2 minutes.

Mauritanie : entre modernité et fragilité
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Mauritanie : entre modernité et fragilité

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Il n’y est pas allé. En refusant de participer au Dialogue national, Ahmed Ould Daddah a rappelé qu’il était encore l’intraitable opposant d’hier, celui qui s’est toujours singularisé dans le petit cercle politique mauritanien en refusant les compromis. Le Rassemblement des forces démocratiques (RFD), qu’il préside, avait fermement posé les conditions de sa participation. Elles n’ont pas été satisfaites. « Nous étions prêts à accueillir favorablement les résultats de ce dialogue s’ils étaient significatifs », ajoute-t-on au siège du RFD. Et puis, les conclusions de l’accord sont tombées. L’une d’elles prévoit que le chef de l’opposition sera désormais un élu – maire, député, sénateur –, visant ainsi directement Ahmed Ould Daddah, qui n’a jamais exercé de mandat électif. Mais il n’y accorde que peu d’importance. « Ahmed n’est pas très regardant sur ces détails, précise un proche. Le statut du chef de l’opposition est défini par une loi, donc cette décision est sans intérêt. » Pourtant, certains parlent déjà d’un complot ourdi contre lui par le chef de l’État et le patron de l’Alliance populaire progressiste, Messaoud Ould Boulkheir – qui, de son côté, réfute toute velléité d’attaque personnelle.

Parcours d’un irréductible

Né à Boutimilit (sud-ouest) en 1942, Ahmed Ould Daddah est un économiste de formation. Gouverneur de la Banque centrale de Mauritanie à sa création, en 1973, il devient ministre des Finances quelques mois avant le coup d’Etat du 10 juillet 1978, qui balaie du pouvoir son demi-frère,Moktar Ould Daddah (président depuis 1961) et le pousse à l’exil jusqu’en 1991. Candidat à la présidentielle en 1992 (32,88 %), 2003 (6,89 %),2007 (47,15 %) et 2009 (13,61 %), il a été désigné chef de l’opposition par le Conseil constitutionnel en mai 2007.

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Symbole

À 69 ans, Ahmed Ould Daddah a toujours, selon son entourage, la même ténacité et la même envie. Pieu et réputé intègre – il a déclaré tous ses biens et roule avec sa voiture personnelle –, il se veut un symbole d’honnêteté. Énergique, il continue de monter au créneau pour critiquer « Aziz », rappelant que le « fossé séparant la minorité proche du régime et le peuple continue à se creuser davantage » ou déplorant « l’indifférence des autorités mauritaniennes » face à la sécheresse qui ravage le pays. Alors que lui-même s’est toujours montré proche des Mauritaniens, et qu’il ne s’est pas éloigné des préoccupations d’un électorat désormais très jeune. « La moyenne d’âge de nos députés se situe autour de 35-40 ans, précise-t-on au RFD, et l’écrasante majorité de nos adhérents est composée de jeunes qui se reconnaissent en Ahmed Ould Daddah. » Lequel n’a d’ailleurs jamais envisagé sa retraite politique. « Il n’est pas usé par le pouvoir, puisqu’il n’a jamais été au pouvoir », sourit un proche.

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