Pakistan – États-Unis : point de rupture ?
Une nouvelle bavure de l’armée américaine a fait vingt-quatre morts dans les zones tribales pakistanaises. Circonstance (très) aggravante, les victimes sont des militaires.
![Manifestation antiaméricaine à Peshawar, le 29 novembre. © Khuram Parvez/Reuters](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2011/12/07/007122011175558000000pakstates.jpg)
Manifestation antiaméricaine à Peshawar, le 29 novembre. © Khuram Parvez/Reuters
Hina Rabbani Khar, la ravissante ministre pakistanaise des Affaires étrangères, n’a pas caché à Hillary Clinton, son homologue américaine, « le profond sentiment de fureur » qui s’est emparé du Pakistan à l’annonce de la dernière bavure de l’armée américaine à la frontière afghane, le 26 novembre. Vingt-quatre militaires tués dans leur sommeil et treize autres blessés : un record dans la triste litanie des frappes aériennes et des tirs de drones qui endeuillent les zones tribales.
Censées viser talibans et djihadistes d’Al-Qaïda, ces attaques ont fait depuis 2004 plus de 1 700 morts dans les rangs des insurgés et plusieurs centaines de victimes civiles. Mais cette fois, c’est la toute-puissante armée pakistanaise – elle tient, en coulisse, les rênes du pouvoir – qui a été frappée. On a donc assisté à une nouvelle flambée d’antiaméricanisme. Des manifestants ont brûlé des drapeaux de l’Otan, le Daily Times, un quotidien qui ne fait pas partie des plus hostiles, a titré « Les États-Unis nous poignardent dans le dos », et Ashfaq Kayani, le chef d’état-major, est apparu à la télévision en prière devant les cercueils et à l’hôpital, au chevet des blessés.
Souveraineté bafouée
Depuis des mois – notamment depuis le raid américain qui aboutit à l’élimination de Ben Laden sans que les autorités pakistanaises en aient été averties –, le torchon brûle entre les deux alliés. Accusé de soutenir en sous-main les talibans afghans, le Pakistan ne supporte plus de voir sa souveraineté bafouée. Le 26 novembre, il a adopté des mesures de rétorsion que le général Martin Dempsey, chef d’état-major interarmes américain, a qualifiées de « graves » : – fermeture des voies de ravitaillement par lesquelles transite la majeure partie du matériel destiné aux troupes de l’Otan en Afghanistan ; – menace de boycottage de la conférence internationale sur l’Afghanistan, à Bonn (Allemagne), le 5 décembre, où l’on comptait sur son influence pour amener les talibans à la table des négociations ; – injonction faite aux militaires américains de se retirer de la base de Shamsi (Sud-Ouest), d’où s’envolent leurs drones.
Très inquiets, les Américains, Obama en tête, se sont confondus en excuses et ont diligenté une enquête. « Les Pakistanais ont des raisons d’être furieux », a concédé Dempsey, qui fit la connaissance de Kayani dans les années 1980 sur les bancs de l’académie militaire de Fort Leavenworth, au Kansas. Pour lui qui suit le dossier depuis vingt ans, les relations bilatérales n’ont jamais été aussi mauvaises.
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