Tunisie : la torture de l’ère Ben Ali en procès
Neuf ex-hauts responsables tunisiens dont Abdallah Kallel et Mohamed Ali Ganzoui, respectivement ministre de l’Intérieur et directeur général de la Sûreté de l’État au moment des faits, ont été condamnés par un tribunal militaire à des peines allant de trois à cinq ans de prison.
Après la condamnation de Ben Ali par coutumace, un tribunal militaire siégeant à Tunis a condamné en première instance, dans la nuit du 29 au 30 novembre, neuf ex-hauts responsables à des peines allant de trois à cinq ans de prison pour tortures et mauvais traitements. Parmi les quatre prévenus comparaissant en état d’arrestation figurent Abdallah Kallel et Mohamed Ali Ganzoui, respectivement ministre de l’Intérieur et directeur général de la sûreté de l’État au moment des faits. Tous deux ont nié avoir ordonné la torture, mais l’un de leurs subalternes, lui aussi poursuivi, a indiqué que les tortionnaires, au nombre de quatre, étaient ceux qui ne s’étaient pas présentés à la barre, la justice militaire n’ayant pas réussi à faire exécuter par le ministère de l’Intérieur les mandats d’amener lancés contre eux. Ces derniers, ainsi que l’ex-président Zine el-Abidine Ben Ali, en fuite, ont été condamnés par contumace à cinq ans de prison chacun.
Des faits qui remontent à 1991
Retraite forcée. Les faits remontent à 1991, quand, au prétexte d’un complot imaginaire du mouvement Ennahdha, 150 militaires, dont des officiers, sont mis en état d’arrestation. Accusés d’avoir tenu une réunion à cet effet dans le lieu-dit « Baraket Sahel », près de Hammamet, qui donnera son nom à l’affaire, ils resteront en détention pendant quatre semaines dans les caves du ministère de l’Intérieur, où ils ont subi des actes de torture, avant d’être relâchés et mis à la retraite forcée. Habib Boularès, ministre de la Défense au moment des faits, dira, après la chute de Ben Ali, que l’affaire Baraket Sahel était destinée à « décapiter l’armée ». « Le procès est une victoire pour les victimes de la torture, a déclaré à J.A. le lieutenant-colonel Mohamed Ahmed, l’une des victimes. Mais les peines ne sont pas à la hauteur de ce que nous avons enduré. »
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