Donald Kaberuka : BAD is back

Dans un accord signé avec les autorités ivoiriennes le 27 novembre, le président de la Banque africaine de développement (BAD) Donald Kaberuka précise les conditions du retour de l’institution à Abidjan.

Donald Kaberuka, président de la Banque africaine de développement. © Vincent Fournier pour J.A

Donald Kaberuka, président de la Banque africaine de développement. © Vincent Fournier pour J.A

Publié le 8 décembre 2011 Lecture : 3 minutes.

Donald Kaberuka est fidèle en amitié. Au moins avec le président de la République de Côte d’Ivoire, un ami de plus de vingt ans. En voyage officiel de deux jours à Abidjan, le président de la Banque africaine de développement (BAD) a signé, le 27 novembre, avec Daniel Kablan Duncan, ministre d’État et ministre des Affaires étrangères, l’« accord de siège révisé » de la BAD à Abidjan. En clair : le retour de la banque dans son pays d’origine. Et dans son siège historique, situé sur le Plateau, après un transfert – provisoire – à Tunis en 2003, à la suite des troubles nés de la tentative de coup d’État de 2002. Du provisoire qui dure…

Dans l’accord qui vient d’être signé, la Côte d’Ivoire « confirme la pleine propriété de la BAD sur la parcelle de terrain où est situé l’immeuble de son siège à Abidjan, ainsi que sur une parcelle adjacente de terrain, qui vient d’être concédée à la banque par le gouvernement de Côte d’Ivoire ». Concrètement, l’État ivoirien offre la propriété de deux terrains mitoyens à la banque : l’un de 4 777 m2 qui abrite son siège et l’autre de 5 360 m2 en prévision d’une extension future. Un accord couronné par un dîner officiel donné par le président Ouattara en l’honneur de son ami rwandais. Les deux hommes se sont rencontrés après 1987, lorsque Donald Kaberuka est venu occuper le poste d’économiste en chef de l’Organisation interafricaine du café (OIAC), basée à Abidjan. Il y restera sept ans. Et en profitera pour apprendre le français, et tisser des liens avec le monde politique et économique du pays. C’est à ce moment-là qu’il se lie d’amitié avec Alassane Ouattara. D’ailleurs, Donald Kaberuka n’aurait manqué pour rien au monde la cérémonie d’investiture du président ivoirien, le 21 mai dernier. À cette occasion, ils ont évoqué le retour de la BAD à Abidjan. Et déjà en avril, des émissaires de Ouattara avaient milité en coulisse, lors du sommet de la zone franc à N’Djamena, pour accélérer ce rapatriement. Au début de juin, lors des assemblées générales de la BAD, à Lisbonne (Portugal), Donald Kaberuka avait évoqué, à la surprise générale, notamment des Tunisiens, en colère, le retour « imminent » de la banque à Abidjan.

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Retour anticipé mais pas précipité

Mais l’accord signé à Abidjan ne remet pas en cause le calendrier du retour arrêté à Lisbonne par le Conseil des gouverneurs. Un déménagement de Tunis n’est pas envisageable avant trois ans. S’y ajoute un préavis de un an. C’est donc, en théorie, en juin 2015 au plus tôt que la BAD retrouvera son siège historique. Si la Côte d’Ivoire est sécurisée avant ce délai, seule une décision du Conseil des gouverneurs peut anticiper le retour. Celle-ci se basera sur les travaux d’une commission mixte, composée de représentants de la BAD et des autorités ivoiriennes, qui prépare sur le terrain la réinstallation de la banque.

Mais si le retour peut être anticipé, il ne peut être précipité. Bourrées d’amiante, les deux tours jumelles de dix-huit étages du siège de la BAD nécessitent de sérieux travaux de rafraîchissement. Des investissements informatiques et de communication sont impératifs. De même, les 200 logements de la « cité de la BAD », à Abidjan, ont besoin, eux aussi, d’un sérieux coup de pinceau. Au total, la facture est estimée à 80 millions de dollars (60 millions d’euros environ)…Qui paiera ?

Autre volet complexe : les ressources humaines. De 50 % à 60 % des 1 800 salariés de l’institution n’ont en effet pas connu le siège d’Abidjan. Et, d’une manière ou d’une autre, ils feront le voyage. À Tunis, la colère du mois de juin a fait place à la résignation. Pour faire passer la pilule, la capitale tunisienne deviendra le bureau régional pour l’Afrique du Nord et emploiera de 150 à 200 personnes.

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