Côte d’Ivoire : des bus qui changent la vie de 500 000 habitants à San Pedro
La capitale du Bas-Sassandra est la deuxième ville ivoirienne à se doter d’un réseau de bus. Une initiative privée qui change le quotidien des Pétrussiens.
Urbanisme : des racines et des villes
Jusqu’en août dernier, seuls les poids lourds se démarquaient sur les routes défoncées de San Pedro (deuxième poumon économique de Côte d’Ivoire, à 350 km au sud-ouest d’Abidjan), acheminant fèves de cacao, latex ou huile de palme depuis les plantations de l’Ouest jusqu’au port autonome de la ville. Mais depuis cet été, on y croise aussi les bus de la Société de transport urbain de San Pedro (Sotus), qui changent le quotidien des 500 000 habitants.
Habitués à s’entasser à cinq ou six dans les taxis, jusqu’alors seul mode de transport en commun, les Pétrussiens préfèrent désormais patienter aux abribus qui jalonnent les six itinéraires déjà en service. Quant aux autorités locales, elles se réjouissent de ce changement. « Maintenant, on peut dire que San Pedro est une grande ville. Comme Abidjan », s’enthousiasme le préfet de région, Jacques Obouo N’guessan.
Depuis l’échec de la Société de transport urbain de Bouaké (Centre), San Pedro est la seule ville du pays à disposer d’une compagnie de transport urbain, avec Abidjan. À une différence près : contrairement à la Société des transports abidjanais (Sotra), entreprise publique, la Sotus est une société privée.
Son directeur général, Vassiafa Diomandé, reste discret sur les investissements en cours, mais un rapide calcul donne une idée de leur importance. La Sotus dispose déjà de douze bus d’occasion, acquis pour 300 millions de F CFA (457 000 euros) l’unité, et douze autres sont en chemin. Elle emploie cent quinze salariés : chauffeurs, receveurs, contrôleurs, mécaniciens, et même agents de voirie qui mènent, aux côtés de la mairie, les travaux de réfection des routes.
À titre expérimental, cinq bus ont roulé durant trois mois. « Les premiers jours, nous n’avons transporté qu’une dizaine de personnes, explique le directeur. Début novembre, nous sommes passés à plus de 1 500 passagers quotidiens. Avec la rentrée scolaire et la traite cacaoyère, ce chiffre va encore augmenter. » Il a donc décidé de mettre en circulation les vingt-quatre bus de la compagnie avant la fin de l’année. « Si tout se déroule selon nos prévisions, explique-t-il, nous devrions atteindre très vite nos objectifs, qui sont de 3 millions de F CFA de recette quotidienne. »
Blaise Gouanou, directeur technique adjoint de la mairie, reconnaît que les bus ont transformé la vie des habitants : « Pour aller du quartier Dasci au port, il fallait emprunter trois taxis et dépenser 600 F CFA, soit 1 200 F CFA avec le retour. En bus, le même trajet aller-retour ne coûte que 400 F CFA. Conséquence : puisqu’ils savent que c’est moins cher et qu’en outre c’est confortable, les gens se déplacent plus ! »
Vassiafa Diomandé ne s’arrêtera pas là. « Les autorités et les usagers nous ont réservé un si bon accueil que nous réfléchissons déjà aux autres villes où développer le même service. » À Sassandra et Soubré, dans la même région, puis peut-être à Korhogo (Nord). « Le transport est un facteur de développement. Et si les autorités sont en mesure de faire des efforts pour entretenir les routes, nous, les entrepreneurs privés, ferons en sorte d’aider les populations à se déplacer. » Seuls mécontents pour le moment : les chauffeurs de taxi.
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