Villes africaines : logement social cherche locataire aisé
Au sud du Sahara, les prix du logment sont souvent rédhibitoires. État des lieux.
Urbanisme : des racines et des villes
Dans les cités africaines, se loger est souvent un vrai casse-tête. Les loyers sont de plus en plus élevés, même loin du centre. À Brazzaville, un deux-pièces sans toilettes dans un quartier populaire se loue 35 000 F CFA (53 euros) par mois, quand le salaire mensuel moyen est de 75 000 F CFA environ. Pas facile non plus d’acheter une parcelle : les prix flambent à cause de la spéculation foncière, qui rejette les pauvres en périphérie.
Pour résoudre ces problèmes, les pouvoirs publics proposent des lotissements, avec l’octroi de parcelles à bâtir, ou le développement des parcs de logements sociaux (qui avait été gelé ces dernières années à cause de la crise économique des années 1990 et de l’endettement des États). Ainsi, les programmes de logements dits économiques fleurissent un peu partout depuis 2000 : projet des « 10 000 logements sociaux » au Burkina, chantiers de l’État équato-guinéen à Malabo et à Bata…
Les institutions changent aussi, avec des ministères couplant habitat et urbanisme, et des politiques adaptées. En outre, on note l’intervention de bailleurs de fonds internationaux, l’essor des banques de l’habitat et, à côté de l’État promoteur, l’apparition de compagnies privées – notamment chinoises – dans le capital des entreprises immobilières publiques.
Néanmoins, la plupart des projets réalisés au cours des dix dernières années n’innovent guère. Le modèle reste la maison, et non l’appartement, lui-même construit en duplex dans des immeubles de deux ou trois étages maximum. Ce qui favorise l’extension horizontale au lieu de densifier l’espace bâti. « Pour beaucoup d’Africains, même en ville, la concession – terrain et maison – doit ressembler au village », précise un urbaniste congolais. Alors la ville s’étend plus vite que les équipements et les aménagements.
Propriétaire
Autre caractéristique observée concernant les logements sociaux, l’engouement pour la propriété, par la vente directe ou la location-vente, ne se dément pas au sud du Sahara. Le statut de locataire est en effet dévalorisant. Mais pour accéder à la propriété, les bénéficiaires de ces logements dits sociaux doivent être solvables. Ils sont donc souvent issus des classes moyennes aisées, notamment de la fonction publique. C’est le cas des habitants de Buena Esperanza, à Malabo, en Guinée équatoriale. La raison ? Le prix des villas. Très dissuasif, même pour les classes moyennes. Au Congo, un logement de la Soprogi coûte entre 10 millions et 16 millions de F CFA (de 15 200 à 24 400 euros). « Trop cher pour nos bourses », déclare Marie, une couturière. Même les prêts des banques de l’habitat s’adressent aux salariés du secteur privé formel et aux fonctionnaires. Au final, les plus pauvres demeurent perdants.
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