Chine : la politique de l’enfant unique, une bombe démographique à retardement

En dépit du vieillissement inquiétant de la population chinoise, la politique de l’enfant unique va être poursuivie.

Sur la place Tiananmen, à Pékin, le 1er octobre. © Jason Lee/Reuters

Sur la place Tiananmen, à Pékin, le 1er octobre. © Jason Lee/Reuters

Publié le 2 décembre 2011 Lecture : 2 minutes.

Wang a 16 ans, mais elle n’est jamais allée à l’école. Cette jeune fille timide passe le plus clair de son temps dans sa chambre, entre poupées et jeux vidéo. Elle est la fille cadette d’un couple de petits commerçants pékinois qui a préféré la cacher plutôt que de devoir verser une amende de 20 000 euros. Le prix d’un deuxième enfant. Une véritable fortune, ici.

Trente-deux ans après son introduction, la Chine a décidé de poursuivre sa politique de l’enfant unique. Une mesure de planning familial qui a permis d’éviter près d’un demi-milliard de naissances et laissé en marge de la société, à l’instar de Wang, plusieurs dizaines de milliers d’enfants.

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« La surpopulation reste l’un des principaux obstacles au développement économique et social », a tranché la Commission d’État pour la population et le planning familial. Reste que, pour de nombreux experts, cette politique est une bombe à retardement. En 2015, les plus de 60 ans seront 221 millions, soit 16 % de la population. Chaque année, près de 9 millions de personnes rejoignent les rangs du troisième âge. Pour eux, pas ou peu de retraite, un système de santé balbutiant et presque aucun centre d’hébergement. Pour survivre, ils ne peuvent compter que sur la solidarité familiale.

Déséquilibre

Autre conséquence de cette politique : le déséquilibre des sexes. Il naît en Chine 119 garçons pour 100 filles. Les familles rurales, notamment, préfèrent un mâle capable de travailler la terre, d’autant que, traditionnellement, ce sont les garçons qui s’occupent de leurs parents, les filles, elles, partant vivre dans leur belle-famille. Dans les campagnes, il devient de plus en plus difficile pour un homme de se marier, ce qui contribue, semble-t-il, au développement de la prostitution. Dans les provinces du sud du pays, les immigrées clandestines, vietnamiennes ou birmanes, sont légion…

« On voit bien que cette politique est dangereuse, commente Peng Xizhe, vice-président de l’Institut de recherche sur la population. Si nous ne faisons rien, nous allons droit dans le mur. » L’appel ne risque pas d’être entendu, le gouvernement étant manifestement résolu à maintenir le cap coûte que coûte afin d’éviter une explosion démographique.

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Beaux quartiers

Le plus fâcheux est que toutes les familles ne sont pas logées à la même enseigne. Dans les beaux quartiers de la capitale, on croise de plus en plus de familles « nombreuses » prêtes à payer une lourde amende en échange de papiers d’identité pour leurs enfants. Et à acquitter des frais de scolarité exorbitants – parfois 10 000 euros par an – dans un établissement privé.

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« C’est absolument scandaleux, explique la mère de Wang. Quand vous êtes pauvres, vous devez vivre cachés. Mais quand vous êtes riches, toutes les portes vous sont ouvertes. » Certaines femmes vont jusqu’à accoucher à Hong Kong ou aux États-Unis pour que leur enfant puisse bénéficier d’un passeport étranger et échapper ainsi au couperet.

Il y a quand même des exceptions à la règle. Quelques minorités ethniques ne sont ainsi pas tenues d’appliquer la politique de l’enfant unique. Et dans certaines provinces, deux enfants uniques ont le droit d’avoir un deuxième enfant à condition de respecter un délai de quatre ans entre les deux naissances. Mais les adversaires du sacro-saint planning familial ne doivent se faire aucune illusion : il n’est pas question pour les autorités de lâcher la bride. 

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