Amérique centrale : six pays champions du monde de l’ultraviolence
Crime organisé, trafic de drogue… L’Amérique centrale est de loin la région la plus dangereuse du monde.
Ils sont six en Amérique centrale à figurer parmi les quatorze pays les plus violents de la planète. Le Salvador, le Honduras, la Colombie, le Venezuela, le Guatemala et le Belize caracolent en tête du macabre palmarès établi par le secrétariat de la Déclaration de Genève. Lancée en 2008, cette initiative diplomatique a pour vocation de soutenir les États qui se sont engagés à réduire la violence d’ici à 2015. Son deuxième rapport*, publié le 27 octobre, a le mérite de livrer pour la première fois des chiffres, datés de 2009.
Avec un taux moyen régional de 29 morts violentes pour 100 000 habitants, l’Amérique centrale devance l’Afrique australe (27,4) et les Caraïbes (22,4). Le Salvador, dont le taux annuel est de 60, est le pays le plus dangereux au monde, devant l’Irak et la Jamaïque. En Colombie et au Venezuela, les hommes courent dix fois plus le risque d’être assassinés que les femmes. En revanche, au Guatemala, le « fémicide » est nettement plus élevé, le nombre de meurtres de femmes étant passé de 383 en 2003 à 720 en 2009.
Traffic de drogue
Le Brésil et le Mexique – classés respectivement 18e et 51e – sont aussi très affectés. Chez le second, le taux de morts violentes était de 18,4 pour 100 000 habitants en 2009. Il atteint même 170,4 à Ciudad Juárez (ville du Nord, frontalière des États-Unis), soit vingt fois le taux mondial. Le pays détient également le record des assassinats de journalistes : 19 depuis le début de 2011.
Le Salvador, dont le taux annuel est de 60, est le pays le plus dangereux au monde, devant l’Irak et la Jamaïque.
Le plus étonnant, souligne le rapport, c’est que les pays les plus touchés ne sont pas en guerre. « Chaque année, sur 526 000 personnes tuées de façon violente dans le monde, seules 55 000 le sont lors de conflits ou d’actes terroristes », note-t-il. Ainsi les pays à fortes disparités de revenus sont-ils quatre fois plus exposés, et ceux qui ont traversé des difficultés économiques ont connu un pic de meurtres durant la crise de 2008-2009.
Sans surprise, le crime organisé lié au trafic de drogue est la principale cause de l’augmentation des homicides en Amérique latine. Au Mexique, le président Felipe Calderón livre une guerre sans merci aux narcotrafiquants dont les violences ont fait 45 000 morts depuis 2006. Il a ainsi déployé 50 000 militaires sur le territoire. La disparition de Francisco Blake Mora, son ministre de l’Intérieur, dans un crash d’hélicoptère, le 11 novembre, a porté un coup sévère à cette action. L’omnipotence des cartels alimente les soupçons : il y a trois ans, Juan Camilo Mouriño, le prédécesseur de Mora, avait déjà trouvé la mort dans un mystérieux accident d’avion. Depuis le 17 novembre, c’est Alejandro Poiré, jusque-là directeur des services de renseignements, qui a repris cette fonction à haut risque.
L’armée dans les favélas de Rio
Au Brésil, les autorités ont marqué un point. Le 13 novembre, elles ont envoyé armée et tanks prendre le contrôle de la plus grande favela de Rio de Janeiro. Considéré comme le principal entrepôt de drogue de la ville, avec quelque deux cents trafiquants, Rocinha a été pacifié sans incident ni coup de feu. Après la réussite de cette opération, le gouvernement espère reprendre une vingtaine de favelas avant le Mondial de 2014.
Le 10 novembre, les gouvernements d’Amérique centrale se sont accordés sur une stratégie régionale destinée notamment à la lutte contre le trafic de drogue, comprenant des actions de prévention, la professionnalisation des policiers locaux, l’amélioration des systèmes d’investigation criminelle et une surveillance frontalière accrue.
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* « Fardeau mondial de la violence armée », consultable sur genevadeclaration.org
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