Danielle Mitterrand, l’éternelle indignée

Danielle Mitterrand, épouse de l’ancien chef d’État François Mitterrand, est décédée le 22 novembre, à Paris. Elle avait 87 ans.

Danielle Mitterrand en avril 1988. © Jacky Naegelen/Reuters

Danielle Mitterrand en avril 1988. © Jacky Naegelen/Reuters

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Publié le 30 novembre 2011 Lecture : 2 minutes.

En 1941, dans la France de Vichy, la jeune Danielle Gouze, 17 ans, entre en résistance. Elle n’en sortira plus. Soixante-dix ans plus tard, le 22 novembre, la mort a mis fin à une vie tout entière vouée au combat.

Épouse de François Mitterrand cinquante-deux ans durant, elle refusa de jouer les potiches après l’élection de ce dernier à la présidence de la République, en 1981. Elle détestait le titre de première dame dont on prétendait l’affubler. C’était d’abord une militante, une éternelle indignée. Elle était au côté du peuple tibétain opprimé par la Chine. Elle était la « mère des Kurdes », dont elle épousa la cause avec passion. Elle fut aussi l’une des premières à dénoncer le régime de l’apartheid en Afrique du Sud. En 1987, à Dakar, elle coorganisa une rencontre entre les dirigeants de l’ANC et cinquante progressistes afrikaners, ce qui lui valut l’hommage de Nelson Mandela

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« Morganatique ». En 1986, elle créa la Fondation France Libertés. À gauche toute, elle abandonnait volontiers la realpolitik à son mari pour se consacrer, avec un idéalisme jamais pris en défaut, à la défense des droits de l’homme. « C’était une femme d’influence et son mari l’écoutait beaucoup, même si elle était souvent excessive et qu’elle l’a parfois mis en porte-à-faux avec sa fonction », raconte l’ancien ministre Roland Dumas, qui fut très proche du couple. En prenant fait et cause pour le Polisario, elle s’attira la haine de Hassan II, qui, dans une émission sur TF1, la qualifia un jour, non sans mépris, d’épouse « morganatique ». En 1992, au côté de l’ancien ministre Bernard Kouchner, elle échappa même à un attentat lors d’un voyage au Kurdistan irakien. Mais, certes, il arrivait à la pasionaria des droits de l’homme de se tromper, comme en 1995, lorsqu’elle embrassa chaleureusement Fidel Castro, l’autocrate cubain, sur le perron de l’Élysée… Après la mort de François, elle s’engagea auprès des altermondialistes et fit de l’accès à l’eau son nouveau combat. Plus radicale que jamais, elle s’éloigna du PS, jugeant (en 2007) que ses dirigeants n’avaient pas « la fibre socialiste ».

Ni potiche ni épouse bafouée, elle assuma avec élégance la révélation de la double vie de François Mitterrand, en 1994. Lors de l’enterrement de l’ancien président, elle suscita l’admiration en acceptant la présence à ses côtés de Mazarine et Anne Pingeot. Mère de deux garçons, Gilbert et Jean-Christophe, elle ne ménagea pas son soutien à ce dernier après sa condamnation dans le procès de l’Angolagate. Pour lui, elle ira jusqu’à hypothéquer le célèbre appartement de la rue de Bièvre… 

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