L’Afrique de l’Est main dans la main avec Israël

Après le Premier ministre kényan, c’est le président ougandais qui s’est rendu, mi-novembre, à Tel-Aviv. L’occasion, pour l’un comme pour l’autre, de parler de lutte contre le terrorisme.

Raila Odinga, et Benyamin Netanyahou, le 14 novembre à Jérusalem. © Avi Ohayon/GPO via Getty images

Raila Odinga, et Benyamin Netanyahou, le 14 novembre à Jérusalem. © Avi Ohayon/GPO via Getty images

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Publié le 28 novembre 2011 Lecture : 2 minutes.

Il fut un temps où les visites de chefs d’État africains en Israël se faisaient dans la discrétion. Celle de Raila Odinga, les 13 et 14 novembre, tend à prouver que cette époque est révolue. Accueilli en grande pompe à l’hôtel King David de Jérusalem, le Premier ministre kényan n’a pas dissimulé le motif de son voyage. À l’issue d’une rencontre avec le président israélien, Shimon Pérès, il déclarait : « Le Kenya a obtenu l’appui d’Israël pour l’aider à débarrasser son territoire des éléments fondamentalistes. »

En ligne de mire : les Shebab somaliens, dont les incursions régulières et les enlèvements inquiètent au plus haut point à Nairobi. Ces dernières semaines, l’armée kényane a riposté, lançant à plusieurs reprises son aviation contre les camps des insurgés islamistes (bien que ceux-ci nient être à l’origine des rapts). Raila Odinga, qui négocie actuellement l’intégration de ses troupes à la mission de l’Union africaine en Somalie (Amisom), exige toutefois plus de moyens militaires pour protéger sa frontière. D’après des sources officielles, Israël a accepté de lui fournir des drones, des vedettes rapides, des véhicules blindés, des munitions et du matériel de surveillance électronique. Le ministre kényan de la Sécurité intérieure négocierait, en outre, l’envoi d’instructeurs israéliens auprès de l’armée kényane.

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Nébuleuse

Depuis les attentats de Mombasa en 2002, la coopération israélo-kényane en matière de lutte contre le terrorisme s’est intensifiée. En apportant son assistance militaire à Nairobi, l’État hébreu espère réduire la capacité de nuisance de groupes islamistes affiliés à la nébuleuse Al-Qaïda, qui prospèrent dans la région. Il engage aussi une lutte d’influence contre l’Iran, dont la présence navale et les activités se sont renforcées dans la Corne de l’Afrique. La partie est du continent représente donc un intérêt stratégique pour Israël et lui offre un accès privilégié au golfe d’Aden et à l’océan Indien. Mais son Premier ministre, Benyamin Netanyahou, nourrit des ambitions bien plus vastes : « Nous allons aider à la formation d’une coalition contre le fondamentalisme en Afrique de l’Est, incluant le Kenya, l’Éthiopie, le Soudan du Sud et la Tanzanie », a-t-il lancé à Raila Odinga. Son objectif est de rassembler sous son étendard plusieurs nations africaines à forte population chrétienne.

Cet axe pourrait également inclure l’Ouganda. Le président Yoweri Museveni s’est rendu en Israël dans la foulée du Premier ministre kényan. Selon le quotidien Haaretz, sa visite aurait été organisée par l’ancien chef du Mossad Rafi Eitan, 85 ans, reconverti aujourd’hui dans les affaires en Afrique. Museveni s’est dit préoccupé par la montée de l’islam radical dans la région et a rencontré le ministre israélien de la Défense, Ehoud Barak, ainsi que l’actuel chef des services secrets, Tamir Pardo. À noter qu’il s’est également entretenu avec les deux patrons de Mini Refineries Enterprise, compagnie qui cherche à se positionner dans l’exploitation pétrolière du lac Albert. Preuve, peut-être, qu’Israël s’apprête à signer son grand retour en Afrique de l’Est.

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Maxime Perez, à Jérusalem

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