Medi 1 TV : la chaîne marocaine qui monte
La chaîne Medi 1 TV devait être orientée tout-info. Face à l’échec de cette formule initiale, elle a opté pour une approche plus généraliste. Avec succès.
On la disait à l’agonie, croulant sous les dettes, incapable d’assumer financièrement ses ambitions de chaîne d’information pour le Maghreb. Et pourtant ! La chaîne d’information Medi 1 TV, basée à Tanger, vient de passer le cap de sa première année comme chaîne généraliste, et son bilan est plutôt prometteur. « Le 30 octobre 2010, la direction de Medi 1 Sat faisait le pari, risqué, de passer à la diffusion hertzienne et d’abandonner le tout-info pour une grille plus généraliste. Nous avons réussi à devenir un média de proximité et à acquérir une identité de chaîne locale », soutient Abbas Azzouzi, président-directeur général (PDG) de la chaîne.
En réalité, ce qui est présenté aujourd’hui comme un choix n’en était pas vraiment un. Après huit années d’existence, la chaîne, née d’une ambition politique conjointe de la France et du Maroc, faisait face à de graves difficultés financières. « Aucune chaîne d’information ne gagne d’argent. Être partout, tout le temps, demande des moyens financiers considérables et nous ne sommes pas tous soutenus par un émirat richissime », ajoute Azzouzi. Medi 1 ne sera donc pas la Al-Jazira du Maghreb, mais une chaîne comme une autre. Pour opérer ce virage, la direction a d’abord misé sur la diversification des programmes. Magazines d’investigation, débats, téléréalité, fictions, émissions de divertissement viennent égayer une grille où l’information occupe toujours une place de choix, avec cinq rendez-vous quotidiens. « La chaîne compte sur son cœur de métier pour offrir des magazines de grande qualité produits et réalisés par des journalistes bien formés », explique un journaliste d’une chaîne concurrente.
Annonceurs
Cela n’aurait pas été possible sans les nouveaux actionnaires, qui ont permis de porter le capital à 205 millions de dirhams (18 millions d’euros). En outre, Medi 1 TV a multiplié par cinq le nombre de ses annonceurs, qui sont passés de 10 à 50 grâce à une démarche commerciale plus agressive. En un an, 45 journalistes supplémentaires ont été recrutés et des bureaux ont ouvert à Casablanca et Rabat. « Reste qu’il est très difficile de trouver de bons journalistes. On les forme en interne, mais ensuite ils sont contactés par d’autres chaînes d’info, qui ont plus de moyens que nous et contre qui nous ne pouvons pas grand-chose », regrette le PDG.
Alors qu’il y a encore un an la chaîne était surtout regardée par des cadres supérieurs masculins âgés d’environ 45 ans en moyenne, le public s’est aujourd’hui féminisé et rajeuni. Pour conquérir des téléspectateurs plus jeunes, la chaîne a misé sur le pouvoir d’internet. Présente sur Twitter et sur Facebook, elle privilégie l’interactivité. Génération News est à ce titre un modèle du genre. Destinée aux jeunes, cette émission de débat est entièrement construite sur la Toile puisque le casting comme le choix des sujets sont d’abord débattus sur internet.
Avec une part d’audience passée de 0,7 % en 2010 à 7,5 % en 2011, Medi 1 TV a réussi le pari de reconquérir des Marocains habitués à zapper sur les chaînes étrangères. Mais elle s’est aussi éloignée de son objectif premier : devenir une grande télévision régionale. À l’heure des révolutions arabes, cet échec n’est-il pas frustrant ? « Oui, reconnaît Azzouzi. Mais, connaissant les relations politiques complexes qui existent avec notre voisin et sachant qu’il n’y a pas encore de marché publicitaire régional, il reste très difficile de monter une chaîne maghrébine d’information. » Medi 1 garde néanmoins une identité cosmopolite puisque la rédaction compte des journalistes de sept nationalités différentes. « Ça n’est pas toujours facile à gérer et ça donne lieu à beaucoup de débats. On a par exemple une présentatrice algérienne qui est souvent prise à partie », conclut le PDG. En 2012, Medi 1 TV souhaite élargir son ouverture au monde en s’adressant à la diaspora maghrébine. Un positionnement qui pourrait rapporter gros, notamment grâce à de nouveaux annonceurs.
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