Industrie aéronautique : l’emploi au compte-gouttes
La réglementation stricte et la mainmise des compagnies sur la formation verrouillent le marché du travail. Malgré le dynamisme du secteur, les débouchés sont maigres.
Ciel africain : embouteillages à l’horizon
Qui n’a jamais rêvé, au détour d’un vol, de devenir pilote de ligne, hôtesse de l’air ou steward ? L’industrie aéronautique jouit d’un indéniable pouvoir d’attraction à même de séduire les jeunes. Et le personnel navigant est l’arbre qui cache la forêt : le transport aérien recèle une multitude d’opportunités professionnelles. Billetterie, enregistrement des passagers, embarquement, mais aussi fret, transport de marchandises, entretien et maintenance des aéronefs, sécurité… Les possibilités sont légion.
Toutefois, les débouchés ne sont pas – loin s’en faut – à la hauteur des promesses du secteur. Car la médaille a son revers : très réglementés, ces métiers requièrent des compétences spécifiques qu’on ne peut acquérir dans le cadre d’une simple formation généraliste, publique ou privée. De fait, ce sont les compagnies aériennes, sous l’égide des organisations professionnelles internationales, qui ont la main sur les filières de formation. À l’image d’Air France, cocréateur, avec l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna), de l’Institut africain des métiers de l’aérien (Iama). Fondé en 2005 à Bamako (Mali), ce centre agréé par l’Association internationale du transport aérien (Iata) est l’un des rares d’Afrique de l’Ouest consacrés au personnel au sol. Il peut accueillir chaque année 1 200 stagiaires, dont les trois quarts en formation continue. Pour les candidats à la formation initiale, il en coûtera quelque 900 000 F CFA (1 370 euros).
Tendance haussière. Malgré l’étroitesse de l’offre sur le continent, l’Iama ne semble pas saturé de demandes. « Il est vrai que nous ne croulons pas sous les candidatures, concède Olivier Berthault, son directeur général. Il faudrait pour cela un marché du travail un peu plus dynamique, associé à un développement plus rapide du transport aérien en Afrique. » Un constat partagé par Cheikh Tidiane Camara, président de l’Iama : « Du fait de besoins très spécialisés, ce sont les compagnies aériennes qui définissent elles-mêmes les besoins en ressources humaines, ainsi que le contenu des formations. » L’équation est simple : pas de créations d’emplois, et encore moins d’offres de formations, sans augmentation du trafic intracontinental. Cheikh Tidiane Camara tend néanmoins à positiver, rappelant que le trafic régional (Afrique centrale et Afrique de l’Ouest) connaît une tendance haussière « de l’ordre de 7 % à 8 % par an ».
Si ce développement se confirme, le secteur aura besoin de techniciens, mais également de profils commerciaux. « Beaucoup de personnes titulaires d’un BTS tourisme se retrouvent employées par les sociétés de handling [ensemble des services proposés aux compagnies au sein des aéroports, dont l’enregistrement des passagers, l’embarquement et la billetterie, NDLR], quitte à suivre une formation complémentaire en interne », assure Richard Lohento, qui dirige l’Agence africaine de tourisme (AAT) à Cotonou, au Bénin. Intégrant un département de formation aux métiers du tourisme – également agréé par l’Iata –, l’AAT a ainsi ajouté des contenus calibrés à sa palette, parmi lesquels une formation au logiciel Amadeus, système international de gestion des réservations et de billetterie.
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