Transport aérien : du savoir-faire à revendre
Les groupes Air France et Lufthansa monnaient leur expertise auprès des gouvernements, aéroports ou transporteurs. La demande pour ces prestations lucratives est en plein développement.
Ciel africain : embouteillages à l’horizon
C’est un aspect moins connu des activités d’Air France et de Lufthansa sur le continent. Loin de se contenter d’assurer des liaisons aériennes, ces groupes mettent à profit leur expertise pour proposer des prestations de conseil aux compagnies, aux gouvernements, aux autorités aéroportuaires ou aux organismes d’aviation civile. Une activité qui constitue une source de revenus non négligeable : la filiale Lufthansa Consulting génère 20 millions d’euros de chiffre d’affaires, tandis qu’Air France Consulting annonçait 5 millions d’euros en 2008 et 3 millions en 2009.
L’Afrique – où elles dominent le marché du conseil aérien – est pour les deux sociétés un terrain privilégié ; elles y mènent chacune une dizaine de projets, ce qui représente la moitié de leur activité. « Le continent a des besoins importants et nous y enregistrons une croissance de 10 % à 15 % chaque année », détaille Marco Villa, associé au sein de Lufthansa Consulting.
Assister… et contrôler
Avec sa filiale Quali-audit, Air France Consulting est reconnu comme organisme d’audit officiel par l’Association internationale du transport aérien (Iata). Une grande partie de son activité africaine consiste à faire passer les tests pour l’obtention du label Iosa (pour Iata Operational Safety Audit). Une activité complémentaire au conseil, et concurrente : « Dès lors que nous intervenons comme auditeur, nous ne pouvons plus exercer d’activités de conseil auprès d’un client, et vice versa », explique Jean-Pierre Delpech, président de Quali-audit. S.D.
Quelles sont les demandes ? Pour les structures aéroportuaires, il peut s’agir de les développer, d’améliorer la qualité du service ou de participer à leur mise en concession lorsque l’État veut se désengager de leur gestion, comme ce fut le cas fin 2009 au Congo pour les aéroports de Brazzaville, de Pointe-Noire et d’Ollombo, dont le passage au privé a été géré par Lufthansa Consulting. Les compagnies aériennes sont quant à elles demandeuses de méthodes pour augmenter leur profitabilité, améliorer la qualité de leur service ou la sûreté.
La création en 2006 de la liste des compagnies aériennes interdites d’exploitation dans l’Union européenne – la fameuse liste noire – a créé un marché pour les entreprises de conseil. Sortir de la liste ou obtenir l’autorisation d’exploiter un avion loué à un autre transporteur aérien sont autant d’objectifs pour de nombreuses compagnies africaines, particulièrement quand ce ne sont pas elles qui sont pointées du doigt mais leur pays qui est banni en tant que certificateur. « C’est une activité marginale, notamment parce que nous traitons peu directement avec les autorités d’aviation civile, mais nous travaillons sur cette problématique actuellement au Congo ou en Guinée équatoriale, par exemple », explique Marco Villa.
Pas assez de suivi. « Un marché très dynamique en Afrique est la création de compagnies aériennes, souligne Françoise Barrard, présidente d’Air France Consulting. Nous intervenons pour réaliser les études de marché, construire le business plan… » En 2011, les experts de Lufthansa Consulting ont ainsi assisté au premier vol de deux de leurs clients : le transporteur camerounais Camair-Co et son alter ego congolais ECAir. « Le seul vrai problème que nous ayons avec les nouvelles compagnies est que, souvent, nous sommes présents pour le lancement, pas assez sur le suivi », regrette Marco Villa.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Ciel africain : embouteillages à l’horizon
Les plus lus
- Ilham Aliyev, l’autocrate qui veut « dégager » la France d’Afrique
- Carburant en Afrique : pourquoi les exportateurs mondiaux jouent des coudes pour a...
- De Yaoundé à l’Extrême-Nord : voyage sur les routes de l’impossible
- En Guinée, Mamadi Doumbouya élevé au grade de général d’armée
- Au Kenya, l’entourage très soudé de William Ruto