Les sales gosses du foot camerounais
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Georges Dougueli
Journaliste spécialisé sur l’Afrique subsaharienne, il s’occupe particulièrement de l’Afrique centrale, de l’Union africaine et de la diversité en France. Il se passionne notamment pour les grands reportages et les coulisses de la politique.
Publié le 23 novembre 2011 Lecture : 2 minutes.
Ils étaient attendus le 15 novembre à Alger pour un match amical contre la sélection algérienne. Mais prétextant le non-paiement d’une « prime de présence » de 500 000 F CFA (762 euros), les footballeurs camerounais, dont la plupart ont des revenus élevés, ont refusé d’embarquer dans l’avion que la fédération algérienne de football leur avait affrété. Le capitaine de la sélection camerounaise, Samuel Eto’o, le footballeur le mieux payé de la planète avec près de 20 millions d’euros par an, a été le premier à quitter Marrakech, où le groupe séjournait. Ils s’en sont allés, sans un mot d’excuse, ni à l’égard des organisateurs, ni pour le public algérien.
Le mauvais spectacle continue. Le temps des gladiateurs qui descendaient dans l’arène prêts à mourir avec panache pour le public des stades est révolu. Les héros se sont mués en une bande d’histrions égocentriques, dont il faudra attendre, patiemment, qu’ils quittent définitivement la scène.
Les Lions indomptables ajoutent aussi une ligne d’indignité au long palmarès des scandales qui débordent de l’armoire à trophées. Dans ce registre, 2011 aura été encore pire que 2010. Cette année, le Cameroun a déjà annulé, pour diverses raisons, ses matchs contre la Chine (février), le Gabon (mars), le Salvador (août) et le Mexique (septembre). Il n’a pas non plus réussi à se qualifier pour la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2012. Encore un effort et, dans un avenir proche, la marque « Lions indomptables » signifiera : peu fiable, versatile et dilettante.
L’argent, qui coule à flots, a déglingué le meccano.
L’indécision des politiques face à la décrépitude du football est étonnante. À moins que celle-ci ne tire son origine de la trop grande place que le gouvernement s’est octroyée dans la gestion de cette sélection à scandales. Au Cameroun, pas question de laisser la fédération s’en occuper. C’est bien connu : le football est une chose trop sérieuse pour la laisser aux mains des footballeurs… La sélection est donc cogérée par le ministère des Sports et par la Fédération camerounaise de football, deux institutions en conflit permanent au nom d’intérêts mesquins. L’argent, qui coule à flots, a déglingué le meccano.
Dans ce flou savamment entretenu, les responsabilités sont difficiles à établir. Recruté comme « préparateur psychologique » des Lions en 2005, l’ancien tennisman franco-camerounais Yannick Noah a mis un doigt dans l’engrenage et l’a vite regretté dans les colonnes du quotidien français Le Parisien : « Je viens bénévolement, je paie mon avion, mon hôtel. […] On manque la qualif’ pour le Mondial 2006 sur un penalty raté. Là-dessus, il y a la CAN. J’étais en concert. Il y a un truc qui sort comme quoi pendant la CAN j’avais pour 125 000 euros de frais. Je n’y étais pas. En fait, mon cousin avait pris de l’oseille sur mon dos. Il n’est plus ministre… » L’indélicat a été limogé, mais rien n’a changé. Pas besoin d’opposants pour ternir l’image du Cameroun à l’étranger. Les dirigeants du football s’en chargent avec application, et les Lions indomptables assurent le service après-vente.
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