Angola : Rafael Marques, un journaliste en pointe contre les généraux
Le journaliste angolais Rafael Marques a porté plainte contre sept généraux de l’entourage du président Eduardo dos Santos pour « crimes contre l’humanité ». Portrait d’un homme qui n’a pas froid aux yeux.
Un dicton angolais assure que « les gens de Malanje sont colériques ». Il va comme un gant à Rafael Marques, né dans cette province du Nord il y a quarante ans, mais ne suffit pas à résumer le personnage, qui est aussi et surtout réputé pour sa détermination et son courage, comme il l’a encore démontré le 14 novembre en déposant une plainte auprès de la justice angolaise contre sept généraux parmi les plus proches du président José Eduardo dos Santos pour « crimes contre l’humanité ».
En septembre, ce journaliste-militant avait publié Diamants de sang : torture et corruption en Angola, sa dernière enquête sur les violations des droits de l’homme dans les régions diamantifères des Lundas (Nord-Est). Marques y recense plus de cinq cents cas de torture et la mort d’une centaine de personnes (dont probablement de nombreux ressortissants de la RDC voisine), victimes de « la promiscuité entre le pouvoir politico-militaire et le commerce des diamants ». Face à l’inertie du Palais, le journaliste décide de lancer une procédure lui-même.
Culture du détournement
Ce n’est que le dernier épisode d’un combat engagé dès 1999 avec la publication d’un article intitulé « Le maquillage d’une dictature ». Le président dos Santos y était décrit comme responsable de la culture du détournement et de la corruption qui ronge le pays. Ce texte lui vaudra une condamnation de six mois de prison (commuée en peine avec sursis), mais aussi une aura internationale. « Mon incarcération a été une révélation, confiait-il à une étudiante en journalisme l’année dernière. C’est comme ça que je suis devenu un militant des droits de l’homme. » Ce parfait anglophone (il collabore épisodiquement au quotidien britannique The Guardian) est ainsi devenu la référence des médias occidentaux désireux de recueillir un avis critique sur le pouvoir angolais.
À l’heure où le président est défié dans la rue par de jeunes manifestants, Marques espère par sa plainte « détruire la barrière de la peur ». Le 17 novembre, dos Santos a laissé entendre qu’il pourrait se représenter à la présidentielle, prévue fin 2012. Le bras de fer n’est pas terminé.
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