Brésil : Dilma fait le ménage
Six ministres brésiliens ont été contraints de démissionner depuis le mois de juin. Dont cinq pour corruption. Le dernier en date était chargé de l’organisation de la Coupe du monde de football, en 2014.
Si l’économie brésilienne se porte bien, le gouvernement de Dilma Rousseff traverse une zone de fortes turbulences. Le 26 octobre, Orlando Silva, le ministre des Sports, qui à ce titre était chargé de l’organisation de deux événements sportifs majeurs – la Coupe du monde de football de 2014 et les Jeux olympiques de 2016 –, a été contraint de jeter l’éponge. Il est le sixième dans ce cas depuis le mois de juin. Et le cinquième pour détournements de fonds. Avant lui, Alfredo Nascimento (Transports), Pedro Novais (Tourisme), Wagner Rosi (Agriculture) et Antonio Palocci (chef de la Maison civile, autrement dit du gouvernement) avaient en effet été poussés à la démission pour de sombres histoires financières. Nelson Jobim (Défense) l’a été pour une autre raison : il avait violemment critiqué deux de ses confrères. Tous sont d’anciens ministres de Luiz Inácio Lula da Silva. Ce dernier, qui souhaite se représenter en 2014, a entrepris le 31 octobre une chimiothérapie pour soigner un cancer du larynx.
Membre du Parti communiste du Brésil (PCdoB), Orlando Silva était depuis la mi-octobre accusé d’avoir détourné, via diverses ONG, une partie des fonds du programme Deuxième mi-temps, qui permet à des enfants défavorisés de pratiquer une activité sportive. À en croire le policier João Dias Ferreira, par ailleurs ancien militant du PCdoB, le ministre aurait ainsi récolté plus de 16 millions d’euros en huit ans, notamment pour financer la campagne présidentielle de 2006. Poussé avec insistance vers la sortie, il s’est résolu à démissionner pour, dit-il, « défendre son honneur et celui de son parti ».
Ces départs en cascade ne sont pas une surprise. Dès son investiture, le 1er janvier, Dilma Rousseff avait promis de donner un grand « coup de balai » dans la classe politique et l’administration publique – quarante-cinq fonctionnaires ont ainsi été limogés depuis cinq mois. Ce qui revenait à se démarquer de son prédécesseur et ancien mentor, qui, selon certains, avait un peu trop tendance à fermer les yeux sur ces douteuses pratiques.
La présidente dispose d’un large soutien populaire : 71 % des Brésiliens approuvent ses mesures de salubrité publique. Mais ne risque-t-elle pas de fragiliser la coalition des vingt-trois partis qui soutiennent son gouvernement ?
Son Parti des travailleurs n’a pas de majorité parlementaire. Pour gouverner, il a besoin des voix d’une dizaine de petites formations… dont étaient membres certains ministres démissionnaires. Ces dernières ne vont-elles pas être tentées de retirer leur soutien au gouvernement ?
Au ralenti
Quoi qu’il en soit, le travail des ministères concernés n’est pas facilité par ces départs. Celui d’Orlando Silva a par exemple ralenti les travaux de construction des infrastructures nécessaires à l’accueil de la Coupe du monde de foot – qui n’étaient déjà pas franchement en avance. Inquiète, la Fédération internationale de football association (Fifa) fait fortement pression pour que soient modifiées certaines dispositions législatives qui, selon elle, constituent autant de freins. Le gouvernement apprécie peu cette ingérence. Pour l’instant, les négociations piétinent.
L’opposition, quant à elle, ne se satisfait pas de la démission de Silva, qui a été remplacé par un autre membre du PCdoB, le député José Aldo Rebelo. Depuis le début du mois de septembre, de jeunes « indignés » manifestent dans les rues des principales villes du pays pour dénoncer la corruption et apporter leur soutien à Dilma Rousseff, qui a tenu sa promesse d’instaurer la transparence dans la gestion gouvernementale.
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