Nigeria : entre Boko Haram et le gouvernement, la guerre est déclarée

Dans le Nord, les forces de sécurité traquent les membres de la secte Boko Haram. Avec des méthodes parfois critiquables… et critiquées.

Le 4 novembre, une série d’attentats revendiqués par Boko Haram fait plus de 60 morts à Damaturu. © AFP

Le 4 novembre, une série d’attentats revendiqués par Boko Haram fait plus de 60 morts à Damaturu. © AFP

Publié le 18 novembre 2011 Lecture : 2 minutes.

Le ton est donné. « Ça prendra le temps qu’il faudra, mais nous irons jusqu’au bout pour débusquer Boko Haram », martèle Oluyemi Ajayi, porte-parole de la police nigériane. Il refuse de livrer plus de détails sur les opérations en cours à Maiduguri, capitale de l’État du Borno (Nord), mais depuis le 1er novembre, la Joint Military Task Force (JTF, composée de policiers d’élite et de militaires) est à l’assaut du fief de la secte islamiste, à la recherche de ses membres et de son arsenal.

Pour l’officier de police, pas question de parler de guerre. Il s’agit de « rétablir l’ordre et la justice ». Pourtant, c’est probablement en réaction aux méthodes brutales de la JTF que Boko Haram a perpétré les attentats du 4 novembre à Damaturu et Potiskum (État de Yobe), tuant plus de 150 personnes et allongeant encore la liste des attaques revendiquées par Boko Haram ces derniers mois.

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Affrontements violents

Interpellations nocturnes, mises à sac de domiciles, accusations de vols et de viols… La JTF ne fait pas dans le détail. « Une des conséquences, c’est que les victimes commencent à avoir de la sympathie pour les islamistes », explique Khalifa Dikwa, politologue et professeur de langues à l’Université de Maiduguri. De son côté, Boko Haram (né dans les milieux défavorisés du Nord au début des années 2000) se pose en défenseur de la veuve et de l’orphelin. « Nous allons continuer à attaquer les symboles du gouvernement fédéral tant que les forces de sécurité continueront à persécuter nos membres vulnérables », a promis son porte-parole, Abu Qaqa.

« La force n’a jamais été la bonne méthode avec Boko Haram. Ils en sortent plus forts », analyse Shehu Sani, président de l’ONG Civil Rights Congress. Ainsi, en 2009, l’exécution du fondateur de la secte (Mohamed Yusuf, capturé vivant puis abattu par les forces de l’ordre) ne l’a pas affaiblie. Les militants se sont regroupés derrière un nouveau chef. Ils sont comme des caméléons qui se fondent dans la masse et « parfois au plus haut niveau de l’État fédéral », commente un journaliste local.

Les perspectives de dialogue avec les islamistes se réduisent d’heure en heure. « Le drame, c’est que chaque partie campe sur ses positions violentes, explique Khalifa Dikwa. Au final, ce sont les civils qui, pris entre deux feux, paient le plus lourd tribut. »

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