France – Afrique du Sud : le commando Juppé en opération colmatage

Pas facile de faire oublier les divergences franco-sud-africaines sur les dossiers ivoirien et libyen ! En visite à Pretoria, en Afrique du Sud, Alain Juppé a tenté de recoller les morceaux.

Les ministres français et sud-africain Juppé et Nkoana-Mashabane, à Pretoria le 11 novembre. © AFP

Les ministres français et sud-africain Juppé et Nkoana-Mashabane, à Pretoria le 11 novembre. © AFP

Christophe Boisbouvier

Publié le 17 novembre 2011 Lecture : 2 minutes.

« Depuis vos bombardements en Libye, on se demande si vous cherchez à nous recoloniser », a lancé Gwede Mantashe, le secrétaire général du Congrès national africain (ANC), à Alain Juppé. Le ministre français des Affaires étrangères n’a pas été à la fête, les 10 et 11 novembre, lors de sa visite en Afrique du Sud. Moins virulent, le président Jacob Zuma lui a reproché de ne pas avoir laissé sa chance à la médiation de l’Union africaine dans le dossier libyen. Pas facile, le « partenariat » entre Paris et Pretoria…

Premier accrochage, sur la Côte d’Ivoire. Jusqu’à début mars, Pretoria soutient Laurent Gbagbo et ne le lâche qu’à contrecœur. Second accrochage, sur la Libye. Fin mai, le président sud-africain va voir Mouammar Kadhafi à Tripoli et dénonce « les raids de l’Otan [qui] sapent la médiation africaine en faveur de la paix ». Pourtant, un mois plus tard, Nicolas Sarkozy confie à l’écrivain-militant Bernard-Henri Lévy : « L’Union africaine. Tu as fait du bon travail avec Wade. Mais s’il [n’y avait pas eu] Zuma… Il faudra bien se souvenir de cela. Jacob Zuma est toujours là*. » Des propos bien énigmatiques…

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En août-septembre, la crise s’envenime. Après la chute de Tripoli, Zuma refuse pendant plusieurs semaines de reconnaître le nouveau régime libyen. C’est le moment où Nicolas Sarkozy envoie une lettre à son homologue sud-africain et suggère une visite d’Alain Juppé à Pretoria. Teneur de la missive : « Nous pouvons avoir des désaccords, mais il faut que notre partenariat continue. » La réponse de Jacob Zuma est positive. En substance : « Certains dossiers sont complexes, mais il faut que nous comparions nos analyses. »

À Pretoria, le chef de la diplomatie française a donc tenté de recoller les morceaux et a plaidé pour l’opposition syrienne : « Le peuple sud-africain est l’héritier du combat de l’ANC, qui fit appel à la communauté internationale. Comment pourrait-il rester sourd à la détresse des Syriens ? » Sur l’élargissement du Conseil de sécurité de l’ONU, Alain Juppé s’est bien gardé de dire quel candidat il soutient : l’Afrique du Sud ou le Nigeria. Signe que la France ne veut pas choisir : juste après Pretoria, Juppé s’est rendu à Abuja.

* La Guerre sans l’aimer. Journal d’un écrivain au coeur du printemps libyen, éd. Grasset (lire la critique p. 109).

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