Universités africaines : formés à l’étranger, ils enseignent sur le continent
Ils ont étudié à l’étranger et enseignent aujourd’hui en Afrique. Zoom sur trois personnalités qui s’investissent pour le rayonnement universitaire du continent.
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Longtemps, les professeurs africains les plus prestigieux partaient enseigner à l’étranger. Aujourd’hui, non seulement ils reviennent, mais le continent attire même des talents venus d’ailleurs. Le paysage professoral se diversifie, et on y croise désormais des universitaires formés en Afrique comme à l’étranger, des acteurs de la société civile venus sur le tard à l’enseignement ou encore des membres de la diaspora revenant au pays. Un melting-pot qui contribue au rayonnement universitaire du continent.
Achille Mbembe, star des sciences sociales (Cameroun)
Il est monté sur les estrades des plus prestigieuses universités américaines. Aujourd’hui directeur de recherche en Afrique du Sud, à l’université du Witwatersrand (Johannesburg), Achille Mbembe est, à 54 ans, l’un des plus fameux théoriciens du postcolonialisme. Après des études supérieures en France, l’intellectuel camerounais obtient à l’âge de 32 ans un poste à l’université Columbia (New York). « Il n’y avait pas de professeur africain sur le campus. Très souvent, on me prenait pour un étudiant, se souvient-il. Mais après dix ans d’enseignement, je me suis dit qu’il fallait que je rentre en Afrique ou que j’arrête d’en parler. » En 1996, il pose ses valises à Dakar, avant de rejoindre Johannesburg. « Ici se tisse une culture « afropolitaine ». Je voulais être partie prenante de ce moment historique. »
Felwine Sarr, génial touche-à-tout (Sénégal)
Difficile de cerner ce professeur d’économie, écrivain, musicien reconnu et fan d’arts martiaux. « Au fond de moi, je voulais étudier les lettres, mais la pression familiale était trop forte », explique ce Sénégalais de 39 ans. Pendant son doctorat à l’université d’Orléans (France), il joue dans un groupe de reggae, Dolé, qui donne 500 concerts et sort deux albums, avant de rentrer au pays. Aujourd’hui professeur à l’université Gaston-Berger de Saint-Louis, il a publié deux romans ces dernières années, Dahij et 105 rue Carnot, et refondé un groupe de chansons à texte. Récemment invité à l’université Columbia (New York) par le professeur de philosophie Souleymane Bachir Diagne – qui a mis son roman au programme –, cet expert des politiques budgétaires y a passé un mois comme intervenant en littérature francophone. « J’aime l’approche pluridisciplinaire », dit-il.
Najat El Mekkaoui de Freitas, binationale engagée (Maroc)
Née au Maroc, Najat El Mekkaoui est arrivée très jeune en France, où elle a fait toutes ses études jusqu’à son doctorat à Paris-Dauphine. « Mes contacts avec le Maroc ont longtemps été réduits aux périodes estivales. Je n’ai commencé à travailler avec des collègues marocains qu’en 2005, comme consultante pour la Banque mondiale », explique cette spécialiste des systèmes de protection sociale et de retraite. Petit à petit, elle tisse des liens avec le milieu académique local qui l’amènent à mettre en place un master à l’université Mohammed-V-Agdal (Rabat) en 2008, puis des programmes de recherches à l’Institut national de statistique et d’économie appliquée (Insea), et sans doute bientôt un autre master à l’Université internationale de Rabat. « Ça ne va pas changer le monde, mais ça peut y contribuer », s’enthousiasme cette universitaire franco-marocaine qui vient d’être nommée au tout nouveau Conseil national des droits de l’homme.
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