Les attentes africaines du G20
Président du cabinet Alinadaou Consultancy International (ACI), ancien président de la BOAD et ex-directeur du département Afrique du FMI.
Le G20, porté sur les fonts baptismaux en décembre 1999, s’était assigné pour mission principale d’apporter une réponse adéquate aux crises financières, notamment dans les pays émergents ; c’était compter sans les aléas du monde. En effet, au moment même où les crises économiques et financières menacent les économies développées, les pays émergents affichent une insolente santé. Cette nouvelle tournure des événements a imposé, à tous, le G20 comme le forum le plus adéquat. Nous saluons au passage les différentes initiatives du président français Nicolas Sarkozy pour légitimer davantage ce forum. C’est aussi pourquoi les Africains attendent beaucoup du G20.
La réunion du G20, qui a lieu à Cannes (France) du 3 au 4 novembre 2011, intervient à un moment critique. En effet, pendant que l’Europe peine à trouver les moyens capables d’endiguer la crise de la dette qui menace la stabilité de l’euro, les États-Unis cherchent la recette d’une politique de relance économique, alors même que les pays émergents et le reste du monde se préoccupent de la manière de se préserver de la tourmente qui a gagné ces grands pays. Le Printemps arabe mérite quant à lui une attention toute particulière, même si les répercussions de la crise sur ce dernier sont bien souvent minimisées par tous.
Ces constats suscitent une interrogation : les priorités de la réunion du G20 sont-elles à la hauteur des attentes ? Si les défis et enjeux économiques conjoncturels et sociaux méritent la plus haute attention, il est aussi indispensable et digne d’intérêt de se préoccuper de l’angoisse que suscitent les changements climatiques dont les conséquences menacent la survie de nos pays. Ainsi, la préservation des équilibres actuels, la restauration des fondamentaux d’un contexte propice à la reprise de la croissance mondiale, etc., ne sont pas, semble-t-il, en contradiction avec les nouvelles orientations qu’imposent les défis liés au changement climatique.
Pour des millions d’Africains, une solution efficace et durable à ces phénomènes est une nécessité absolue. Plus de 20 millions d’entre eux sont actuellement exposés à la famine dans la Corne de l’Afrique. Sur le continent, les réflexions doivent être axées sur de véritables politiques agricoles, en donnant la priorité, par exemple, à des règles fidèles à leur objectif de départ et que les marchés seraient obligés de respecter.
Le potentiel de l’Afrique n’est plus discutable. Des politiques publiques conduites intelligemment et déclinées à travers une meilleure gouvernance seront les gages de son développement. Le G20 fera œuvre utile et salutaire en donnant une dimension africaine au sommet de Cannes. L’Afrique mérite un plaidoyer afin que sa véritable place soit reconnue dans toutes les instances de décision ou de concertation, telles que le Conseil de sécurité de l’ONU, le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, qui engagent l’avenir du monde. Continuer de méconnaître cette vérité serait lourd de conséquences pour un monde dont certains avaient prédit que l’Afrique serait l’avenir. Enfin, méconnaître cette vérité à Cannes trahirait l’idéal d’équité d’une « coopération économique et financière pour assurer une croissance mondiale fondée sur des bases saines et solides [la mission que s’est donnée le G20, NDLR] ».
Les légitimes attentes que suscite aujourd’hui le sommet de Cannes rendent la mission du G20 encore plus exaltante, en même temps qu’elles appellent des réformes efficientes à impact productif pour les décisions qui en seront issues. Mettre l’Afrique en bonne place au G20 donnerait une plus grande légitimité à cette nouvelle gouvernance ; et la communauté internationale devrait en tenir compte, non pas simplement comme une requête des Africains, mais plutôt comme une exigence des temps actuels.
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