ONU : les enjeux de l’élection du Maroc et du Togo au Conseil de sécurité
Le Maroc et le Togo succèdent au Gabon et au Nigeria en tant que pays africains membres non permanents du Conseil de sécurité de l’ONU. Également candidate, la Mauritanie n’accèdera pas à ce cercle prestigieux. Décryptage.
C’est une belle victoire diplomatique. Le 21 octobre, le Maroc a été élu dès le premier tour membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, avec le score exceptionnel de 151 voix sur les 129 requises. Composé de quinze membres, dont dix non permanents élus par l’Assemblée générale (et renouvelés par moitié tous les ans), le Conseil de sécurité a pour principale mission le maintien de la paix et de la sécurité internationales.
« Nous sommes honorés de la confiance que notre continent et nos frères africains ont placée en nous, et ce malgré l’adversité et les tentatives d’exclure le royaume, sous prétexte qu’il n’appartient pas à l’Union africaine [UA] », s’est réjoui Taïeb Fassi-Fihri, le ministre marocain des Affaires étrangères.
En effet, la partie n’était pas gagnée d’avance. Contrairement aux autres candidats africains en lice, le Togo et la Mauritanie, le Maroc ne pouvait se prévaloir du soutien de l’UA, dont il ne fait plus partie depuis 1984, date de l’entrée de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) dans l’organisation. « Le fait de ne pas appartenir à l’UA n’a pas pour autant isolé le Maroc sur le continent, souligne le ministre. Nous avons développé les relations bilatérales et mené une politique africaine proactive, tant sur le plan économique que sur le plan politique ou culturel. Nos actions de médiation et notre participation aux opérations de maintien de la paix ont également conforté notre candidature. »
Contrepoids
Même si le vote s’est fait à bulletin secret, il apparaît clairement que les consignes de vote de l’UA n’ont pas été suivies. Plus de trente pays de l’organisation ont voté en faveur de Rabat, et pas seulement des États d’Afrique de l’Ouest, traditionnellement acquis à la cause marocaine. Des pays anglophones, comme le Ghana, ou lusophones, comme l’Angola, lui auraient donné leur voix. « Même s’ils reconnaissent le Polisario, de nombreux pays expriment de plus en plus clairement leur volonté de voir le royaume revenir dans l’UA pour contrebalancer notamment l’influence sud-africaine », explique une source marocaine proche du dossier.
Le Maroc siégera d’ailleurs aux côtés de Pretoria, qui reste, avec Alger et Abuja, l’un des plus fervents soutiens du Polisario sur le continent. Autres grands rivaux à siéger côte à côte au Conseil de sécurité, l’Inde et le Pakistan, qui a été élu avec 129 voix. Les ambassadeurs des deux pays se sont montrés rassurants et ont exprimé leur volonté de travailler main dans la main.
Pour le Togo, l’enjeu était avant tout symbolique. Mis au ban pendant plus de quinze ans par les bailleurs de fonds, le pays tente depuis l’arrivée au pouvoir de Faure Gnassingbé, en 2005, de redorer son blason. Élu au troisième tour avec 131 voix (contre 61 pour la Mauritanie), le pays sort de son isolement et va pouvoir redonner une impulsion à sa diplomatie. Le fait qu’Elliot Ohin, le ministre des Affaires étrangères, appartienne à l’Union des forces de changement (UFC), parti historique d’opposition, a joué en faveur de Lomé, attestant de ses efforts en matière d’ouverture et de démocratisation.
Le Togo et le Maroc succèdent pour deux ans au Gabon et au Nigeria, dont les mandats arrivent à échéance le 31 décembre.
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