France : à l’UMP, « enfin, on va pouvoir cogner » contre le PS

Le parti du président français, Nicolas Sarkozy et ses alliés ont attendu plus ou moins patiemment la fin de la primaire socialiste pour lancer la contre-offensive. Ils mettent désormais les bouchées doubles.

Des membres de l’UMP lors d’une convention de leur parti, le 18 octobre à Paris. © Alexandre Klein/AFP

Des membres de l’UMP lors d’une convention de leur parti, le 18 octobre à Paris. © Alexandre Klein/AFP

Publié le 26 octobre 2011 Lecture : 4 minutes.

C’est à se demander qui, de la droite ou de la gauche, attendait avec le plus d’impatience le dénouement de la primaire socialiste. Le soulagement de la première n’est pas moins immense que l’exaltation de la seconde. Soulagement de pouvoir récupérer sa juste part de l’espace médiatique phagocyté pendant trois semaines par les débats socialistes. Et, surtout, de ne plus avoir à s’interroger sur la candidature la plus dangereuse pour Nicolas Sarkozy, entre la version « molle », mais plus consensuelle, de François Hollande et « la gauche forte qui dit vrai » de Martine Aubry, moins susceptible de glaner des voix au centre, où se jouera la bataille de 2012.

A l’ancienne

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L’opposition frontale des deux slogans dit tout. D’un côté : « Qui peut le mieux éliminer Sarkozy ? » De l’autre : « Qui peut le mieux sortir le pays de la crise ? » La campagne sera méchante. « J’ai une bonne nouvelle, annonce Jean-François Copé. À compter de ce soir, on remonte à cheval, la confrontation commence. » « Enfin, on va pouvoir cogner ! » renchérit sans barguigner Marc-Philippe Daubresse, son adjoint. Les attaques personnelles alternent avec la démolition d’un « socialisme marxisant à l’ancienne » que Valérie Pécresse résume d’une formule : « Taxer plus pour dépenser plus » et achève d’une menace : « Ce sera le reniement ou la facture. »

Si pondéré d’ordinaire, François Fillon donne en termes guerriers le nouveau ton de la mobilisation générale : « Les socialistes dissertent sur la démondialisation comme les états-majors se disputaient sur le tracé de la ligne Maginot. » Alain Juppé, qui ne passe pas lui non plus pour un polémiste, se promet, maintenant que les socialistes ont mangé leur pain blanc, de leur infliger « une indigestion de pain noir ».

Persuadés qu’à l’ivresse de la victoire succéderont un regain de tensions internes et un phénomène d’usure, Copé et lui n’auront que trop beau jeu d’exploiter contre François Hollande les critiques providentiellement lancées par Martine Aubry et ses partisans à mesure que s’envenimait l’affrontement du second tour : « Cela va être notre marque de fabrique pour les qualifier tout au long de la campagne, bilan contre bilan, projet contre projet. » On ne manquera pas de ressortir à Hollande l’argument du « grand écart » utilisé, en vain d’ailleurs, contre François Mitterrand après son alliance avec les communistes. Brice Hortefeux en sera plus particulièrement chargé à la tête d’une « cellule de la riposte ». Les projets de la nouvelle équipe dirigeante du PS seront « décortiqués à la loupe » pour expliquer aux Français « à quel point, ils sont dangereux et irréalistes ».

Scénario

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Devenu le conseiller le plus écouté du chef de l’État, Alain Juppé a précisé le scénario lors d’un petit-déjeuner de la majorité à l’Élysée. Dans la répartition des tâches entre le président, le gouvernement et l’UMP, les ministres devront continuer le travail de réforme. Sarkozy saura faire une nouvelle réussite des rencontres internationales particulièrement gratifiantes qui l’attendent : Conseil européen sur la crise à Bruxelles, réunion du G20 à Cannes, visites envisagées à Washington et à Pékin. « Peut-être devrons-nous prendre d’autres initiatives fortes au plus tard d’ici à la fin de l’année ; les sujets de fond ne manquent pas. J’y réfléchis avec le président de la République. » Les deux hommes n’ont apparemment pas décidé s’il fallait « garder ces idées pour l’élection présidentielle, ou anticiper ». Le ministre des Affaires étrangères estime pour sa part que Nicolas Sarkozy, s’il est déjà en précampagne, ne doit pas pour autant accélérer son entrée en lice officielle ni avancer l’annonce de sa candidature, envisagée pour fin janvier-début février. Reste à savoir quel sera l’effet de cette stratégie hyperactive, à l’image de Sarkozy lui-même, sur une opinion où il stagne toujours au plus bas des sondages.

Les électeurs de la primaire n’ont pas tranché entre gauche dure ou molle ni choisi entre les détails de leurs programmes. Ils ont désigné celui qui leur semblait le plus capable de battre Sarkozy. C’est pourquoi le favori des deux scrutins a été d’emblée le favori des sondages sur les intentions de vote pour la présidentielle. Dominique Strauss-Kahn évincé, Hollande s’est imposé sans coup férir. Le faux paradoxe du ralliement à sa candidature de tous ses rivaux au détriment d’Aubry n’a pas d’autre explication : comme les militants, et malgré leur sympathie pour la maire de Lille, leur plus grande adhésion, parfois, à ses engagements, ils ont voté efficace.

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Hollande n’a pas créé cette dynamique, il a su en être l’incarnation avant d’en devenir le bénéficiaire. Le plus grand danger pour Sarkozy est dans cette poussée profonde qui a grossi de 700 000 votants les 2 millions du premier tour de la primaire. Ce n’est pas un tsunami : c’est une déferlante en mouvement. Tout va dépendre de sa progression jusqu’au 6 mai. Et de la capacité de l’UMP et de ses alliés à affaiblir son élan jusqu’ici irrésistible.

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