Jordanie : le magistrat Khassawneh nommé Premier ministre

Alors que la contestation gronde en Jordanie, le roi Abdallah a limogé Maarout Bakhit, son Premier ministre impliqué dans un scandale. Et l’a remplacé par Aoun Khassawneh, un magistrat à la solide réputation d’intégrité.

Aoun Khassawneh, nouveau Premier ministre jordanien. © AFP

Aoun Khassawneh, nouveau Premier ministre jordanien. © AFP

ProfilAuteur_LaurentDeSaintPerier

Publié le 26 octobre 2011 Lecture : 2 minutes.

Entre chaos syrien, crise ­israélo- palestinienne et confusion en Irak, la Jordanie semblait échapper à la tourmente. Mais, le 17 octobre, la démission du Premier ministre, Maarouf Bakhit – ordonnée par le roi Abdallah –, et son remplacement par Aoun Khassawneh, 61 ans, juge à la Cour internationale de justice de La Haye, ont rappelé que le petit royaume n’était pas à l’abri de la contestation.

Le 1er février dernier, le général Bakhit, déjà Premier ministre entre 2005 et 2007, avait été appelé à reprendre les rênes du gouvernement pour mener à bien les réformes exigées par des milliers de Jordaniens, descendus dans les rues des grandes villes du pays dans la foulée des révolutions tunisienne et égyptienne. Moins de neuf mois plus tard, confronté à une fronde parlementaire et à la pression de la rue, Bakhit a dû jeter l’éponge. Le 30 septembre, puis le 7 octobre, près de 4 000 Jordaniens ont manifesté pour réclamer de véritables réformes et dénoncer la corruption. Relayant la protestation populaire, 70 des 120 députés de la Chambre basse ont, le 16 octobre, adressé au roi une pétition très critique sur la gestion du Premier ministre sortant.

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« On ne peut faire confiance à un gouvernement qui protège la corruption », avaient scandé les manifestants, qui réclamaient notamment la révision d’un projet de loi rendant les allégations de corruption passibles de poursuites.

Dialogue et réformes

Révélée à la mi-septembre par le quotidien britannique The Guardian et par Al-Jazira, l’implication directe de Bakhit dans le scandale du Casinogate a contribué à accroître la défiance. Des documents ont en effet montré que le Premier ministre avait personnellement donné son accord, en 2007, à la construction d’un casino sur la mer Morte. Un projet illégal selon la loi jordanienne, qui bannit les jeux d’argent. En juin dernier, Bakhit avait nié avoir eu connaissance de ce contrat, faisant porter la faute à son ministre du Tourisme, acculé à la démission. Mais les documents publiés en septembre ont révélé le mensonge. Ce n’est pas un hasard si le roi a désigné un magistrat à la réputation d’intégrité. Juriste et diplomate expérimenté, Aoun Khassawneh a annoncé sa volonté de dialoguer avec l’opposition et la société civile, et de mener à bien les réformes engagées. 

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