Face à la bonne entente sino-pakistanaise, la stratégie indienne

Furieuse du rapprochement sino-pakistanais au Cachemire, l’Inde réplique en avançant ses pions, par le biais du Vietnam, en mer de Chine méridionale.

S.M. Krishna, le ministre indien des Affaires étrangères. © Shannon Stapleton/Reuters

S.M. Krishna, le ministre indien des Affaires étrangères. © Shannon Stapleton/Reuters

Publié le 28 octobre 2011 Lecture : 2 minutes.

Dans les relations entre la Chine et l’Inde, la tendance semblait ces temps-ci plutôt à l’apaisement. Les choses ont commencé à se gâter quand, fin juillet, un patrouilleur chinois « anonyme » a aperçu un navire battant pavillon indien, l’INS Airavat, s’approcher des eaux territoriales de la République populaire. Le navire, qui venait du Vietnam, a été instamment prié de détourner sa route. Ce que, bien sûr, il a refusé de faire. Commentaire immédiat à Pékin : « Nous ne sommes au courant de rien. » Confirmation à New Delhi, début septembre : « Il ne s’est rien passé. » Pourtant, rien ne va plus depuis entre les deux pays.

Car l’incident n’a rien d’anodin. Pas plus que la participation (à Hanoï, mi-septembre) de Somanahalli Mallaiah Krishna, le chef de la diplomatie indienne, à la 14e réunion du comité mixte Vietnam-Inde sur la coopération économique et énergétique. Avec son homologue vietnamien, il a en effet abordé la question ultrasensible de la coopération entre le Vietnam et ONGC Videsh (Oil and Natural Gas Corporation), une entreprise publique indienne, dans des zones d’exploitation que la Chine considère comme sa chasse gardée.

la suite après cette publicité

Cliquez sur la carte pour l’aggrandir.

Intérêt vital

Cette dernière voit d’un fort mauvais œil l’irruption inopinée de l’Inde dans la controverse dont la région est le théâtre – et qui implique déjà neuf pays : Chine, Taiwan, Philippines, Malaisie, Brunei, Indonésie, Thaïlande, Cambodge et Vietnam. L’enjeu ? Les importantes réserves d’hydrocarbures de la mer de Chine du Sud, décrétée par Pékin, en 2007, « zone d’intérêt vital » – au même titre que le Tibet, la province du Xinjiang et Taiwan. Le ministère chinois des Affaires étrangères n’a d’ailleurs pas tardé à réagir : « Notre souveraineté sur la mer de Chine du Sud et ses îles est indiscutable. Nous espérons qu’à l’avenir les pays étrangers respecteront et soutiendront la volonté des nations directement impliquées de résoudre ces conflits de manière bilatérale. »

la suite après cette publicité

Apparemment, la déclaration n’a guère impressionné les responsables indiens : « Notre coopération avec le Vietnam respecte les normes et conventions internationales. Il est très important de renforcer notre coopération avec ce pays dans le domaine de l’énergie. […] De nombreuses entreprises indiennes sont d’ailleurs déjà opérationnelles. » Bref, l’Inde n’envisage pas une seconde de renoncer à renforcer ses liens avec le Vietnam.

Les fréquents exercices militaires conjoints entre les deux pays et, surtout, la volonté des Indiens de s’implanter sur la base navale de Da Nang (qui leur offrirait un accès direct à la mer de Chine du Sud) sont, pour les Chinois, une véritable provocation. Mais c’est en somme un juste retour des choses : si l’Inde avance ses pions dans la zone d’influence chinoise, c’est notamment pour faire comprendre à son voisin du Nord l’irritation que lui inspire son rapprochement avec le Pakistan dans les zones contestées du Cachemire. La Chine a en effet récemment annoncé qu’elle avait, avec l’approbation des États-Unis, l’intention d’utiliser ces territoires (que l’Inde considère comme « occupés par le Pakistan ») afin de développer ses voies de communication avec l’Afghanistan… Œil pour œil, dent pour dent !

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires