Argentine : la présidente était en noir

Presque assurée d’être réélue le 23 octobre, la présidente argentine, Cristina Kirchner, travaille à faire de son mari, l’ancien chef de l’État décédé il y a un an, un mythe. Du veuvage comme stratégie électorale !

Cristina Kirchner est la grande favorite de l’élection présidentielle du 23 octobre. © Enrique Marcarian/Reuters

Cristina Kirchner est la grande favorite de l’élection présidentielle du 23 octobre. © Enrique Marcarian/Reuters

Publié le 21 octobre 2011 Lecture : 2 minutes.

Le magazine Forbes la classe au onzième rang des femmes les plus puissantes de la planète et elle a été contrainte de reconnaître que le montant de sa fortune avoisinait les 80 millions de pesos argentins (14 millions d’euros). Au mois d’août, elle a remporté la primaire de son parti avec plus de 50 % des voix. En dépit des affaires de corruption qui ont éclaboussé certains de ses proches et de l’enrichissement manifestement excessif de son couple depuis l’élection de Néstor, son mari, à la tête du pays en 2003 (+ 928 % jusqu’en 2010, à en croire leurs déclarations de revenus), sa popularité reste très forte. Un an presque jour pour jour après le décès de son mari (d’une crise cardiaque), cette avocate de 58 ans est bien partie pour prolonger son bail à la Casa Rosada après la présidentielle du 23 octobre. Quel est donc le secret de Cristina Kirchner ?

Héritier du péronisme, le mouvement populiste lancé par Juan Perón à la fin des années 1940, le couple Kirchner s’est partagé le pouvoir sept ans durant, avant que Cristina ne reprenne seule les rênes, en 2007. À la mort de Néstor, elle a troqué les tailleurs de couleurs vives et les talons aiguilles pour des tenues plus austères. Mais elle a surtout fait de son veuvage une stratégie électorale : tout au long de la campagne, elle n’a pas raté une occasion d’exalter la mémoire du défunt, dont elle s’est efforcée de faire un mythe. Comme il y eut jadis un mythe Perón.

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En plein boom

C’est un atout important, mais ce n’est pas le seul. L’octroi d’une retraite à 3 millions de personnes qui en étaient dépourvues et d’une allocation à quelque 4 millions d’enfants pauvres lui a indiscutablement gagné la sympathie de ses compatriotes les moins fortunés. Surtout, l’économie argentine est en plein boom. Néstor Kirchner avait sorti son pays de la terrible crise – économique, mais aussi sociale – qui l’avait frappé au tournant du siècle. Cristina a poursuivi sur la lancée. Depuis 2003, la croissance oscille entre 6 % et 9 % (sauf en 2009 : 0, 9 %). Seule la Chine a fait mieux !

Pourtant, tous n’applaudissent pas à ces succès. Pour l’opposant Eduardo Duhalde, candidat péroniste à la présidentielle, ils sont essentiellement dus à la flambée des prix des produits d’exportation – notamment le soja, dont l’Argentine est l’un des principaux exportateurs – et non à l’amélioration du système productif. Ce qui signifie que le gouvernement est selon lui incapable de faire face aux soubresauts de l’économie mondiale.

Ennemie jurée

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Depuis plusieurs mois, Cristina Kirchner appelle au dialogue et à la concertation. Simple stratégie électorale, jurent ses adversaires, qui ne croient pas à ses promesses de changement. « Sa victoire à la présidentielle risque de ressembler à un raz-de-marée, concède la sénatrice Hilda Duhalde, une ennemie jurée de la présidente. Du coup, elle pourrait chercher à se représenter en 2015. »

Il lui faudrait pour cela modifier la Constitution, qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels successifs. Un scénario qui n’est pas sans rappeler celui mis au point par le Vénézuélien Hugo Chávez, au pouvoir depuis douze ans.

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En attendant, Cristina Kirchner caracole en tête des sondages, avec 52 % des intentions de vote. Loin, très loin devant son principal rival, le socialiste Hermes Binner (entre 8 % et 16 %). À l’approche du premier anniversaire de la mort de son mari, elle commence à s’autoriser quelques discrètes fantaisies vestimentaires : un collier de perles, une touche de blanc… Pour être présidente, on n’en est pas moins femme.

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