Maroc : rachat de Promopharm par le Jordanien Hikma

Promopharm, la société pharmaceutique cotée à Casablanca est tombée le 3 octobre dans l’escarcelle du groupe Hikma. Celui-ci signe ainsi sa troisième acquisition au Maghreb en dix-huit mois.

L’entreprise pharmaceutique Promopharm passe aux mains du groupe Hikma. © AFP

L’entreprise pharmaceutique Promopharm passe aux mains du groupe Hikma. © AFP

ProfilAuteur_MichaelPauron

Publié le 19 octobre 2011 Lecture : 2 minutes.

L’annonce a surpris tout le monde : « Nous l’avons appris par la presse », commente Widad Ouardi, analyste financier chez Integra Bourse, au lendemain de l’annonce du rachat de Promopharm par le jordanien Hikma Pharmaceuticals. La neuvième entreprise pharmaceutique du Maroc (3,5 % de part de marché), cotée à la Bourse de Casablanca depuis 2007 (avec une capitalisation de 85 millions d’euros), a cédé le 3 octobre 63,9 % de son capital, pour 83 millions d’euros – soit 20,5 fois les bénéfices 2011 !

Hikma, coté à Londres, New York et Dubaï, a dans la foulée lancé une offre publique sur les 36,1 % restants (22,1 % de flottant, 8 % détenus par le Régime collectif d’allocation de retraite, 6 % par l’assureur RMA Watanya). Le Conseil déontologique des valeurs mobilières doit rendre son avis sur le prix proposé par Hikma dans les quinze jours. Si cet avis est positif, l’opération devrait être bouclée dans les deux mois.

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"Une priorité stratégique"

Le groupe jordanien signe là sa troisième acquisition dans la région en dix-huit mois. En mars 2010, il a pris le contrôle de la Société d’industries pharmaceutiques Ibn Al Baytar (Tunisie), en y portant sa participation à 66 %, pour 3,7 millions d’euros. En juin de la même année, il a acheté 50 % d’Al Dar Al Arabia (Algérie), pour 15,2 millions d’euros.

La nouvelle a pris tout le monde de court du fait de la suspension tardive de la cotation de Promopharm, qui n’a eu lieu qu’au lendemain de l’opération, le 4 octobre. « Entrer sur le marché marocain était devenu une priorité stratégique pour Hikma », a expliqué, le 3 octobre, le directeur général et fils du fondateur, Saïd Darwazah, au Financial Times. « Promopharm fabrique un certain nombre de nos produits. Grâce à cette opération, nous allons pouvoir augmenter notre présence au Maroc. »

Avec un marché annuel de 1,3 milliard d’euros – il doit croître de 9 % par an entre 2010 et 2014 – et une législation favorisant le recours aux génériques, le Maroc offre de bonnes perspectives. Fondé en 1947, Promopharm a réalisé en 2010 un chiffre d’affaires de 34 millions d’euros (contre 31,3 millions en 2009).

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Tête de pont

Pour Hikma, le royaume sera en outre une tête de pont pour s’étendre en Europe et aux États-Unis (30 % de ses ventes actuelles). D’autant que les révolutions arabes, notamment en Libye – où Hikma réalisait plus de 15 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel – et en Tunisie, ont presque divisé par deux les perspectives de croissance du groupe, de 13 % à 7 %. Son cours a chuté de 30 % depuis le début de l’année.

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Fondé en 1978 à Amman par Samih Darwazah – il sera plus tard ministre jordanien de l’Énergie –, Hikma vise 750 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2011 (565 millions en 2010, dont 60 % en Afrique du Nord et au Moyen-Orient). Le groupe a été la première entreprise de Jordanie à exporter aux États-Unis, au début des années 1980. Spécialisé dans les génériques, il s’est illustré, en octobre 2010, par le rachat de la branche des produits injectables de l’américain Baxter Healthcare, pour 80 millions d’euros. Cette opération a fait de Hikma le deuxième fournisseur de ces produits aux États-Unis, avec 15 % de part de marché. 

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