L’Angola lorgne les fleurons portugais
Énergie, banques, distribution… L’Angola, ancienne colonie, affiche un intérêt marqué pour les groupes mis en vente par le Portugal pour réduire sa dette. Aux premières loges, la fille du président angolais…
Le Portugal est à vendre. Ou du moins une grande partie de ses entreprises publiques et de ses banques, affaiblies par le poids de la dette. Étouffée, l’économie portugaise vire au rouge vif. Fin juin, le déficit budgétaire du pays s’élevait à 8,3 % du PIB, très loin des 5,9 % que s’était initialement fixés le gouvernement pour 2011 (9,8 % en 2010). Le pays est entré en récession (baisse du PIB de 2,2 % en 2011 et de 1,8 % en 2012), et c’est en 2013 que le gouvernement espère renouer avec la croissance.
En contrepartie d’une aide financière de 78 milliards d’euros sur trois ans accordée en mai par l’Union européenne, le Portugal s’est engagé à appliquer un rigoureux plan d’austérité : hausse des impôts, réduction des dépenses… et privatisations.
Sont concernés : EDP et Galp Energia (électricité, gaz et pétrole), l’opérateur de lignes électriques REN, la compagnie aérienne TAP, le gestionnaire d’aéroports ANA, la poste, la compagnie de fret ferroviaire, la RTP (radio-télévision), des banques… Le processus doit être achevé à la fin de 2012 et rapporter au moins 7 milliards d’euros à l’État.
Des investisseurs européens, chinois, brésiliens et de plusieurs pays arabes ont déjà fait part de leur intérêt. Pour développer leurs liaisons sur l’Afrique et l’Amérique latine, British Airways, Qatar Airways et Etihad (Abou Dhabi) seraient déjà à la bagarre pour reprendre TAP, qui a affiché un chiffre d’affaires de 2,2 milliards d’euros en 2010 (+ 14,6 % par rapport à 2009) et un profit net record de 62,3 millions d’euros (+ 8,7 %).
Un engouement pour les fleurons de l’ancien colonisateur partagé par des groupes angolais. « Avec notre économie en très forte croissance [une hausse attendue du PIB de 10,8 % en 2012, selon le Fonds monétaire international, NDLR], il est tout à fait normal que les entreprises angolaises commencent à investir au Portugal », a justifié le 16 septembre le ministre de l’Administration territoriale, Bornito de Sousa, dans une interview à Bloomberg Businessweek.
Pétrodollars
Porté par ses pétrodollars, Sonangol a déjà acquis 15 % de Banco Comercial Português (BCP), la première banque privée du pays. Pari risqué ? BCP est l’un des seize établissements européens qui ont passé de justesse les tests de résistance mis en place à l’été par l’Union européenne, et qui doivent être recapitalisés d’urgence.
Mais l’entreprise publique angolaise, qui a dégagé 2,5 milliards d’euros de profits l’an passé, négocie surtout une participation directe dans la société pétrolière Galp Energia (15 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 500 millions d’euros de résultat net), très implantée au Brésil. Pour l’instant, Sonangol ne détient indirectement que 15 % du groupe portugais, grâce à une participation de 45 % dans Amorim Energia, de l’homme d’affaires portugais Américo Amorim, à travers Esperanza, une société offshore codétenue par Sonangol et… Isabel dos Santos.
Très active au Portugal, la fille aînée (38 ans) du président angolais a acquis en 2009, pour 164 millions d’euros, 10 % du capital de ZON Multimedia, le premier câblo-opérateur du pays, ainsi que 9,9 % de Banco Português de Investimento. L’une de ses autres sociétés, Condis, cherche à s’associer avec la chaîne portugaise de supermarchés Sonae, qui veut s’implanter en Angola. Enfin, détenu à 32 % par Isabel dos Santos, l’angolais Banco BIC est en passe de reprendre, pour 180 millions d’euros, Banco Português de Negócios, un établissement public dont l’Union européenne a exigé la privatisation en contrepartie de son aide.
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