Birmanie : la junte entrouve la porte

Éloge de l’État de droit, main tendue aux minorités et à l’opposante Aung San Suu Kyi… Le régime birman amorcerait-il un virage ?

Le général Thei Sein reçoit Aung San Suu Kyi au palais présidentiel, à Naypyidaw, le 19 août. © Reuters

Le général Thei Sein reçoit Aung San Suu Kyi au palais présidentiel, à Naypyidaw, le 19 août. © Reuters

Publié le 17 octobre 2011 Lecture : 2 minutes.

Le président Thein Sein sera-t-il le Mikhaïl Gorbatchev birman ? À en juger par les changements en cours au Pays des mille pagodes – et des cinq cent mille militaires –, on serait tenté de le croire. Déboucheront-ils sur une perestroïka ? Le think-tank américain International Crisis Group en est convaincu et appelle les Occidentaux à adapter leur politique à cette nouvelle donne.

Tout a commencé le 17 août par un discours du président Sein, un ancien général porté au pouvoir après les élections controversées de novembre 2010, qui ont toutefois mis fin à un demi-siècle de dictature militaire. Prenant la parole devant des fonctionnaires et des représentants de la société civile, Thein Sein surprend son auditoire en faisant l’éloge de l’État de droit. Une révolution : jusque-là, le mot « démocratie » était honni par le régime.

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Symbole

Depuis, le gouvernement multiplie les signes d’ouverture : appel lancé aux exilés politiques pour qu’ils rentrent au pays, main tendue aux minorités ethniques rebelles du Nord et de l’Est, création d’une commission des droits de l’homme, libéralisation de l’accès à internet et aux sites des médias étrangers, notamment à ceux de la BBC et de Voice of America… La dernière mesure en date est la suspension de la construction du barrage controversé de Myistone, sur le fleuve Irrawaddy. Ce projet, financé par la Chine, menaçait de détruire des cultures et des habitations dans la région peuplée par la minorité karen, qui en avait fait un symbole de sa lutte contre l’État central.

Mais c’est en recevant la chef de l’opposition que le président a franchi un pas décisif. L’image de Thein Sein posant au côté d’Aung San Suu Kyi, sous la photo d’Aung San – père de la Nobel de la paix et héros de l’indépendance, assassiné en 1947 –, a été diffusée en boucle à la télévision officielle. Objectif : signifier à la population que la réconciliation nationale est en marche. Aung San Suu Kyi, qui a passé l’essentiel des vingt dernières années derrière les barreaux, peut désormais se déplacer librement à travers le pays et s’exprimer dans les médias sans être censurée.

Cette libéralisation de la vie politique est surtout un message à destination de l’Occident, qui la réclame depuis des années. Sans doute est-ce le prix à payer pour voir enfin lever les sanctions économiques qui pèsent lourdement sur le développement birman et, aussi, un moyen d’accéder en 2014 à la présidence tournante de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean). 

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