Thaïlande : au nom du frère

La Première ministre ne ménage pas ses efforts pour obtenir le retour d’exil de Thaksin Shinawatra, l’ex-homme fort du pays.

Publié le 11 octobre 2011 Lecture : 2 minutes.

« Elle n’est même pas fichue de protéger son compte Twitter, comment pourrait-elle protéger le pays ? » Les hackers qui ont piraté le compte Twitter de Yingluck Shinawatra rient à gorge déployée. « De toute façon, se rassure-t-on à Bangkok, c’est son frère qui est aux commandes. »

Trois mois après son élection, la Première ministre essuie ses premiers revers dans l’opinion. De son côté, Thaksin, en exil depuis 2008, ne fait même plus semblant d’être discret. Face aux critiques qui pleuvent sur la pitoyable gestion par sa sœur des récentes inondations, c’est par vidéoconférence sur Skype, depuis le Cambodge, qu’il a transmis ses instructions aux membres du gouvernement, le 21 septembre. Le bruit court qu’il pourrait récupérer très vite son passeport et rentrer en Thaïlande…

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Ce retour, Yingluck le prépare avec l’aide de Chalerm Ubumrung, un fidèle de Thaksin qui lui sert de mentor. La presse ne manque d’ailleurs pas de railler leurs continuels conciliabules pendant les réunions. « Un problème d’audition, Chalerm a l’oreille dure ! » soutient, sans rire, le Bangkok Post.

Détracteur

Toujours est-il que Yingluck manœuvre habilement. Soignant ses rapports avec l’armée, elle a promis de confirmer à sa tête le général Prayut Chan-Ocha, son plus farouche détracteur. En renonçant à nommer deux opposants à la royauté, elle s’est acquis la reconnaissance du roi Bhumibol. Privilège auquel son frère n’a jamais eu droit, le Palais diffuse maintenant des photos de sa rencontre avec le souverain.

Bref, Yingluck-la-bonne-élève joue la carte de la réconciliation nationale. Mais Yingluck-l’intrigante n’est jamais loin. Elle a entrepris de peupler l’administration de membres de son clan : dans la police, dont elle a remplacé le chef par le beau-frère de Thaksin, comme à la justice, qu’elle s’efforce de noyauter avec des conseillers favorables à une amnistie de son frère. Pour lui, elle serait, dit-on, sur le point de remettre au roi un recours en grâce. « Attention ! avertit le leader de son parti, tout ça va trop vite. Un retour prématuré de Thaksin pourrait déboucher sur un nouveau coup d’État. » 

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