Terrorisme : mort d’Anwar al-Awlaki, « l’imam américain »
Le très charismatique prédicateur Anwar al-Awlaki, né au Nouveau-Mexique, a été éliminé au Yémen par une attaque de drone de la CIA.
Vendredi 30 septembre, quelque part sur une piste désertique entre Marib et Al-Jawf, au Yémen. Même s’il était conscient d’être devenu une « cible prioritaire » pour la CIA depuis décembre 2009, Anwar al-Awlaki, 40 ans, n’avait jamais cessé de prononcer ses sermons du vendredi. Seule précaution, il changeait chaque semaine de mosquée. À 10 heures ce vendredi, un drone de la CIA pulvérise le véhicule dans lequel il se trouve avec quatre autres hommes.
Charismatique, l’imam américain (il est né au Nouveau-Mexique de parents yéménites exilés aux États-Unis) ne se contentait pas de ses prêches hebdomadaires ; il alimentait les sites djihadistes de « chroniques » antiaméricaines. Ses écrits ont révélé chez certains une vocation djihadiste. Ainsi en est-il de Nidal Hassan, médecin psychiatre, commandant au sein de l’armée US. En octobre 2009, sous l’influence directe de Awlaki, le praticien abat de sang-froid treize militaires sur la base de Fort Hood, au Texas. Deux mois plus tard, un étudiant nigérian tente de faire exploser l’avion d’une compagnie américaine reliant Amsterdam à Detroit. Arrêté, l’apprenti kamikaze révèle l’identité du commanditaire de l’opération : l’imam américain.
Meurtre "illégal"
Washington se félicite de la mort d’Awlaki, présentée comme « un succès de nos services de renseignements », dixit le président Barack Obama, et un sérieux revers pour Al-Qaïda dans la péninsule Arabique (Aqpa). Si les rivaux républicains ont salué l’opération de Marib, les spécialistes américains de la nébuleuse djihadiste tempèrent l’enthousiasme général : Awlaki n’était pas le chef des opérations extérieures d’Aqpa, encore moins le successeur putatif d’Oussama Ben Laden, mais l’un des nombreux prédicateurs d’Al-Qaïda. Son rôle dans l’opérationnel était modeste.
En outre, son statut de citoyen américain fait planer la menace d’une action en justice contre l’administration Obama. Depuis le début de la guerre globale contre le terrorisme, en novembre 2001, c’est la première fois qu’un drone de la CIA cible et tue un ressortissant américain. Selon l’avocate Pardiss Kebriaei, militante de l’ONG Center for Constitutional Rights, « il s’agit d’un meurtre illégal au regard de la Constitution américaine ». Selon le cinquième amendement, nul ne peut ordonner la mort d’un citoyen américain sans procédure judiciaire.
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