RDC : le MLC continue sans Bemba

Privé de son leader Jean-Pierre Bemba, le MLC ne présente pas de candidat à la présidentielle de novembre. Le parti mise tout sur les législatives, en attendant le verdict de la Cour pénale internationale.

En 2006, le MLC avait obtenu 42% des suffrages à la présidentielle. © Goran Tomasevic/Reuters

En 2006, le MLC avait obtenu 42% des suffrages à la présidentielle. © Goran Tomasevic/Reuters

Publié le 17 octobre 2011 Lecture : 3 minutes.

Il est toujours risqué de participer à une compétition de football si l’attaquant vedette de l’équipe est blessé, le capitaine emblématique, suspendu, et l’arrière central, en petite forme. En RDC, Jean-Pierre Bemba occupe tous ces postes au sein du Mouvement de libération du Congo (MLC). Son parti, sa propriété, sa chose. Les consignes du Chairman depuis sa cellule de La Haye (Pays-Bas) – où il est poursuivi pour les exactions commises par ses hommes en Centrafrique entre 2002 et 2003 – étaient donc fermes et claires : « Si je suis dans l’incapacité d’y aller, personne d’autre n’ira » à l’élection présidentielle du 28 novembre prochain.

À Kinshasa, son homme de confiance, Fidèle Babala, a appliqué les instructions à la lettre. L’ex-numéro deux du parti, François Muamba, l’a appris à ses dépens. Évincé pour félonie par les instances suprêmes du MLC, en avril dernier, il a tenté un putsch. « Il faut tourner la page Bemba », proclamait-il en mai pour rameuter les troupes. Échec cuisant pour le natif du Kasaï. « Ne pas être de la province de l’Équateur, celle de Bemba, est rédhibitoire au sein du MLC », analyse un observateur congolais, qui souligne également le parcours sinueux de Muamba et sa faible résonance politico-médiatique. Volant à présent de ses propres ailes, mais sans briguer la magistrature suprême, le président de l’Alliance pour le développement et la République (ADR) a déclaré, le 1er octobre, que son parti travaillerait avec le vainqueur sorti des urnes. « Quel qu’il soit. »

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L’espoir d’un retour

« Cela nous donne raison. Si nous étions partis à la bataille avec Muamba, nous nous serions discrédités avec un score nettement inférieur à celui de Bemba, qui a obtenu 42 % au second tour en 2006 », estime Babala. Le MLC veut croire au retour du « patron ». Pour 2011, l’affaire est entendue. Mais en 2016 ? « S’il est finalement acquitté par la Cour pénale internationale (CPI) à l’issue du procès, prévue en décembre, il reviendra et rebondira », assure Babala. Avant d’admettre : « Si en revanche il est condamné, le MLC est mort. » Ne pas insulter l’avenir, donc.

Pour la présidentielle, la stratégie – plutôt défensive – consiste à peser sur le jeu en laissant miroiter aux postulants de l’opposition une consigne de vote. Un « mot d’ordre » en faveur de Tshisekedi ou Kamerhe est en discussion. Bemba fait monter les enchères. Étienne Tshisekedi, le candidat de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), lui a rendu visite, le 28 septembre. Rien n’a filtré de l’entretien, « mais nous demandons à Tshisekedi de s’excuser pour 2006, car il est resté en retrait alors que son soutien aurait conduit à la victoire », glisse-t-on dans l’entourage de Bemba. Le Sphinx de Limete n’étant pas un adepte de l’autocritique et de la contrition, l’affaire semble mal engagée. Les discussions sont « plus fluides » entre le prisonnier de La Haye et Vital Kamerhe, le champion de l’Union pour la nation congolaise (UNC).

Le deuxième schéma tactique – beaucoup plus offensif – concerne les législatives, qui se dérouleront le même jour. Le MLC est, avec 67 députés, la deuxième force de l’Assemblée sortante, derrière le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) du président, Joseph Kabila. Avec 371 candidatures déclarées pour 500 sièges à pourvoir, pas question de laisser le champ libre. Objectifs : constituer un groupe parlementaire, être le pivot d’une majorité aux contours aujourd’hui incertains et, surtout, avoir un maximum d’élus pour éviter les risques de désertion… Tel un canard de basse-cour, le MLC est décapité, mais il court toujours. Lors de l’arrestation de son plus farouche opposant, en mai 2008, Kabila avait de quoi se réjouir. Les juges de la CPI décideront si les réjouissances doivent se poursuivre.

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