Tunisie – Constituante : Kamel Jendoubi, le gardien des urnes
Kamel Jendoubi a mis tout le monde d’accord en Tunisie. Personne ne conteste son intégrité et son impartialité, des qualités fondamentales pour diriger l’instance chargée d’organiser les élections à l’Assemblé constituante.
Constituante tunisienne : les enjeux d’une élection historique
Les perles rares suffisamment indépendantes et honnêtes pour superviser l’organisation des premières élections démocratiques tunisiennes ne courent pas les rues. Kamel Jendoubi est l’une d’elles. Il a ainsi créé le consensus autour de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), qu’il préside depuis mai. Militant des droits de l’homme pendant ses études à Paris, il est rentré en Tunisie à la chute de Ben Ali après un exil forcé de dix-sept ans.
« Il a fallu bâtir une administration électorale à partir de zéro, déclare-t-il. Nous n’avions pas de savoir-faire. Étant donné le doute général vis-à-vis des institutions de l’ère Ben Ali, nous avons créé l’Isie » (Instance supérieure indépendante pour les élections). Pour rompre avec les vieilles méthodes, il a fallu trouver de nouveaux locaux, mettre en place un noyau administratif et des instances régionales, recruter 4 500 personnes, dont 4 000 diplômés-chômeurs, et 50 000 observateurs pour couvrir les 8 000 bureaux de vote. En plus du budget de 30 millions de dinars (15 millions d’euros) alloué par l’État, des experts du Programme des Nations unies pour le développement, de l’Union européenne et même trois Palestiniens ont apporté leur aide.
Indépendance
D’énormes difficultés ont été surmontées : faute de listes fiables, les électeurs ont dû se réinscrire. L’Isie a appliqué la loi sur l’inéligibilité à la Constituante des anciens collaborateurs de Ben Ali et des ex-responsables de son parti, le Rassemblement constitutionnel démocratique. Et ce sans l’aide des autorités gouvernementales.
« Malgré tout, je suis raisonnablement satisfait, affirme le président du Réseau euro-méditerranéen des droits de l’homme. L’Isie a démontré son indépendance en tenant tête au gouvernement sur le calendrier électoral. Les Tunisiens ont repris confiance et s’approprient leur avenir. Désormais, les choses avancent. Nous entrons avec plus de garanties et de soutien dans la dernière ligne droite avant le scrutin. »
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