Côte d’Ivoire : voyage au coeur de l’Ouest meurtri

Le président ivoirien Ouattara est attendu prochainement au Moyen-Cavally et dans les Dix-Huit Montagnes, deux régions en proie aux traumatismes de la guerre.

Réfugiés au camp de Guiglo, en juin 2011. © Amnesty International

Réfugiés au camp de Guiglo, en juin 2011. © Amnesty International

Publié le 12 octobre 2011 Lecture : 2 minutes.

Entre deux tentes blanches du Haut-commissariat aux réfugiés (HCR), une femme prépare le dîner au milieu d’enfants dépenaillés. Son visage grave en dit long sur l’épreuve qu’elle a subie ces derniers mois. « J’ai fui avec ma famille le 6 mars, lorsque des soldats ont attaqué et brûlé Toulépleu, explique Céline, réfugiée dans le camp de Nazareth, à Guiglo (ville de l’Ouest). Je ne veux pas y retourner tant qu’on ne nous garantira pas la sécurité. »

Cinq mois après la fin des combats, les organisations humanitaires recensent encore quelque 221 000 déplacés en Côte d’Ivoire, dont 26 000 vivent dans des camps. Une bonne partie se trouve dans le Moyen-Cavally. Dans cette région frontalière avec le Liberia, les populations ont subi de multiples traumatismes : accueil de 500 000 réfugiés libériens fuyant la guerre dans les années 1990, conflits fonciers, affrontements entre rebelles et miliciens progouvernementaux après le 19 septembre 2002. Lors de la dernière crise postélectorale, les forces pro-Ouattara ont pris le dessus sur les miliciens pro-Gbagbo. Tous sont accusés par la communauté internationale d’avoir commis de nombreux crimes de guerre.

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Policiers et gendarmes

Progres­sivement, toutefois, la sécurité revient dans la région. Règlements de comptes et racket sont en nette régression grâce au retour des préfets, au redéploiement des policiers et des gendarmes. À terme, tous devront prendre le relais des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) et des soldats onusiens. Dans les prochains mois, les autorités devront également s’attaquer aux problèmes de fond, comme la réconciliation entre Guérés et Yacoubas – les deux ethnies majoritaires et rivales de la région –, les expropriations de terre ou d’habitat, les conflits fonciers entre autochtones, allochtones et allogènes…

Attendu prochainement dans les régions du Moyen-Cavally et des Dix-Huit Montagnes, le président Ouattara a envoyé de nombreuses missions ministérielles pour évaluer la situation et les besoins. La dernière, le 5 octobre, était menée par Daniel Kablan Duncan, le ministre des Affaires étrangères, et Ann Encontre, la représentante du HCR. Outre la sécurité, la population demande des vêtements, de la nourriture, des semences, ainsi que des bâches en attendant la reconstruction de leur habitat et la réhabilitation des infrastructures communautaires. Certains souhaitent également retrouver leurs papiers d’identité ou leur carte d’électeur, volés ou détruits. D’autres réclament le retour dans la région des cadres ­pro-Gbagbo en exil ou emprisonnés. En visite dans le camp de la mission catholique de Duékoué, la délégation ministérielle a essuyé le mécontentement des déplacés qui scandaient : « Libérez Gbagbo ! Pas de réconciliation sans lui ! »

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