Itinéraire urbain : magique Bamako
La capitale malienne grandit et se modernise à la vitesse grand V. Sans perdre de son esprit d’ouverture.
Où va le Mali ?
lDeux heures du matin, 30 °C sous la lune au Mali. Manœuvrant d’une main sa Mercedes poussiéreuse, Adama s’improvise guide, le temps du trajet entre l’aéroport international Bamako-Sénou et le quartier d’Hamdallaye. « Ça, c’est la nouvelle cité administrative ; c’est Kadhafi qui l’a financée », dit-il en montrant de sa main libre les imposants bâtiments d’inspiration soudanaise qui se reflètent dans le fleuve Niger. « Bamako, c’est joli, non ? »
Tourbillon. Quelques heures plus tard, de part et d’autre du Djoliba, plus connu sous le nom de fleuve Niger, la cité des caïmans s’étire. Dès l’aurore, elle grouille de l’intense activité de ses (presque) 2 millions d’habitants.
Dans un enchevêtrement de taxis, de Sotrama (des minibus), de mobylettes et de 4×4 grand luxe, la circulation devient très vite chaotique. Le troisième pont, inauguré le 22 septembre, va changer la vie des Bamakois. Juchées sur des Jakarta – les mobylettes chinoises à la mode –, des femmes en boubou, pagne, pantalon ou jupe, cheveux au vent, défient le code de la route à chaque accélération. « Le port du casque était obligatoire, mais les femmes ont tué la loi », raille Adama en passant devant un policier justement en train de tancer une amazone motorisée. Les autorités ont en vain tenté d’imposer cette mesure de sécurité aux utilisateurs de deux-roues, pour finir par abdiquer. Aux avant-postes de la contestation : les femmes, horrifiées à la seule perspective d’abîmer leur coiffure.
Inauguré le 22 septembre 2011, le pont de l’Amitié sino-malienne va changer la vie des Bamakois.
Profondément ancrée dans l’islam (plus de 90 % des Maliens sont musulmans), Bamako n’en surprend pas moins par la liberté de ses habitants. Mosquées, centres islamiques et sobhas (chapelets de prière musulmans) font autant partie du décor que les affiches vantant la fraîcheur des bières locales. Ainsi, dans le centre d’affaires ACI 2000 – quartier d’Hamdallaye –, la toute nouvelle ambassade des États-Unis fait face au centre islamique.
Musique de nuit. La capitale revendique son statut de ville laïque, libre et moderne, et cultive sa réputation de carrefour culturel et musical d’Afrique de l’Ouest. Les lignes ont bougé, poussées par l’esprit d’ouverture et la convivialité malienne, mais aussi par chaque aller-retour de membres de l’importante diaspora (estimée à 4 millions de personnes). Sans compter les milliers de ressortissants de pays voisins et européens qui y ont élu domicile.
Outre l’incontournable Byblos, symbole de la vie nocturne à Bamako, dans le quartier de l’Hippodrome, les bars et clubs ont fleuri, où la musique mandingue cohabite avec le hip-hop et le coupé-décalé. « Les Maliens ne cachent plus leur bière sous la table depuis longtemps ! » plaisante Seiba Keïta, le propriétaire du Bla Bla Bar. Qui est aussi un restaurant et une galerie d’art à ses heures. C’est l’un des points de ralliement préférés de la jeunesse dorée bamakoise. Artistes, hommes d’affaires, journalistes, expatriés se donnent aussi rendez-vous dans ce lieu iconoclaste, où les abat-jour sont des assiettes en plastique coloré et dont la terrasse, « déconstruite », fait dire à un habitué qu’elle est « dans le style Le Corbusier ».
À nouveau, le soleil pointe derrière les collines qui entourent Bamako. Au loin, le chant du muezzin. C’est l’heure de l’al fadjr, la première prière du jour. Des silhouettes emmitouflées dans d’immenses voiles croisent les jupes ultracourtes et les lunettes démesurées des noctambules. Ainsi va Bamako la moderne.
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