Mali : l’usine Famab-SMO bientôt à plein régime
L’usine de la Famab-SMO, qui fabrique des aliments pour bétail et des oléagineux au Mali, se modernise. Elle se prépare à subvenir aux besoins du marché local, loin d’être comblés.
Où va le Mali ?
Koutiala, Mali, à 400 km à l’est de Bamako. Le site qui abrite la Fabrique malienne d’aliments pour bétail (Famab) et la Société malienne d’oléagineux (SMO) a des allures de ville morte. On est en plein hivernage, et les premiers sacs de graines de coton n’arriveront pas avant quelques mois. En attendant, on procède à des réaménagements. Sous un hangar, les techniciens mettent la dernière main à une minicentrale électrique d’une capacité de 100 MW qui alimentera l’usine en cas de coupure de courant. Centrale qui fonctionnera en récupérant l’eau à haute pression rejetée par les chaînes de production. Plus loin se construit un nouvel entrepôt. « Il faudra plus d’espace pour stocker le coton et les produits finis, explique, enthousiaste, le directeur Daouda Touré. L’usine est en pleine modernisation ! »
En une campagne, nous avons traité 30 000 tonnes de coton. Il nous en faudrait 40 000 t par mois
Créée en 2002, la Famab-SMO, propriété de la Société N’Diaye et Frères (SNF), devait produire des aliments pour le bétail à partir de céréales, avant de changer son fusil d’épaule. « La nourriture pour le cheptel à base de maïs est trop chère pour les éleveurs, alors on s’est tournés vers le coton-graine, qui est tout aussi nutritif pour les animaux », relate le directeur de l’usine. Nourriture pour engraissement, compléments alimentaires pour vaches laitières, aliments de transition, l’usine produit de tout et peut même exécuter des commandes précises pour l’aviculture ou la pisciculture, actuellement en plein boom. « En 2002, nous traitions 150 tonnes de coton-graine par jour. En 2012, nous devrions passer à 600 t, grâce aux nouvelles chaînes de montage que nous venons d’acquérir, détaille Daouda Touré. On compte sur la prochaine campagne coton, qui devrait être de l’ordre de 500 000 t au Mali. »
Rien ne dit pourtant que cela suffira à couvrir les besoins des industriels. Le pays a beau être le deuxième producteur africain d’or blanc, des entreprises comme la Famab-SMO sont contraintes de recourir à l’importation de graines béninoises, burkinabè ou ivoiriennes. Au Mali, les besoins sont énormes. « Tous les jours, 3 500 à 4 000 t d’huile raffinée sont vendues sur nos marchés », affirme Touré.Quant à l’alimentation pour le cheptel, elle augmente de façon exponentielle.
Premier éleveur d’Afrique de l’Ouest avec 9 160 000 bovins, 28 400 000 ovins et caprins, 922 000 camélidés, le pays réclame environ 40 000 t d’aliment pour bétail chaque mois, ce que la production locale ne peut toujours pas garantir, contraignant les éleveurs à acheter des aliments importés, donc plus chers. Une hausse de la production cotonnière résoudrait l’équation. Du propre aveu de son directeur, l’usine ne fonctionne qu’à 50 % de ses capacités. « On a travaillé au maximum six mois dans l’année depuis le début de nos activités. Et nous n’avons pas traité en tout plus de 30 000 t de coton », avoue-t-il.
S’améliorer. Cependant, SNF, qui a investi 18 milliards de F CFA (27 millions d’euros) sur fonds propres dans la Famab-SMO depuis sa création, est optimiste. El Hadj Seydou N’Diaye, le PDG, voit d’un bon œil le chiffre d’affaires annuel de 8 milliards de F CFA réalisé alors que l’usine fonctionne en deçà de ses capacités. « L’agro-industrie à 100 % malienne n’en est qu’à ses débuts, analyse-t-il. Compte tenu des besoins du marché local, elle ne peut que s’améliorer. » Raison pour laquelle SNF se lance cette année dans la production du savon en poudre et en morceaux. Un tout autre genre !
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Malika Groga-Bada, envoyée spéciale à Bamako
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