Mali – Présidentielle 2012 : Dioncounda Traoré, favori malgré lui
Dioncounda Traoré est le président de l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adema) et fait partie des candidats en lice, et favoris, pour succéder à Amadou Toumani Touré.
Où va le Mali ?
Ce fort en thème de 69 ans, docteur en mathématiques, formé dans les universités de Moscou et d’Alger avant une post-graduation à Nice, est entré en politique au Mali en passant par la case syndicat. Pendant le règne de Moussa Traoré, il fréquente aussi la case prison, son engagement pour les libertés publiques lui ayant valu de nombreuses interpellations avec tortures à la clé.
Il adhère à l’Adema, alors dans la clandestinité. Sa discrétion et son savoir-faire lui permettent de devenir l’interlocuteur privilégié des officiers de l’armée préparant la révolution qui, le 26 mars 1991, emporte le régime du parti unique. Parmi ces officiers, un certain lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré.
Rassembleur. Le natif de Kati entame alors une longue carrière ministérielle, occupant les maroquins régaliens de la Défense puis les Affaires étrangères, tout en assurant la vice-présidence de l’Adema.
En 2000, une grave crise éclate au sein du parti, qui tenait alors sa conférence nationale. Vexé de ne pas avoir été désigné comme candidat naturel à la succession d’Alpha Oumar Konaré à Koulouba, le président de l’Adema, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), claque la porte du parti. Dioncounda quitte la tribune pour tenter de le raisonner. En vain. Dioncounda retourne penaud dans la salle pour annoncer aux militants qu’ils viennent de perdre leur président. La salle bouillonne : « Nous n’avons pas perdu de président, nous en avons gagné un ! » scande-t-elle à l’unisson. C’est ainsi que Dioncounda devient le président de l’Adema – héritant du sobriquet de « président par défaut ». Dix ans et deux crises plus tard, l’Adema demeure la première force politique du pays avec 51 députés (sur 147) et près de 500 communes (sur 797). Un succès qui vaut à Dioncounda Traoré d’être, depuis 2007, président de l’Assemblée nationale et donc, de fait, le deuxième personnage de l’État.
Machine électorale. Choisir un candidat pour une présidentielle a toujours été vécu comme un traumatisme par les militants de l’Adema. Grâce à la personnalité de Dioncounda et à ses qualités de rassembleur, cette épreuve leur a été épargnée, le 23 juillet 2011, lors de l’investiture pour le scrutin de 2012. Sa candidature a très vite fait consensus.
Depuis, le président de l’Adema semble être le favori à la succession d’ATT. Ses atouts ? Redoutable machine électorale, l’Adema jure désormais fidélité à son candidat. Une première depuis la réélection d’Alpha Oumar Konaré, en 1997. En 2002, une partie des cadres et militants avaient choisi de soutenir le candidat indépendant ATT plutôt que celui de l’Adema, et, en 2007, le parti n’a même pas envisagé de présenter un candidat à lui opposer.
« Les militants ont forcément envie de voir leur parti revenir au pouvoir. Ils ont hâte de retrouver ce statut », assure Ousmane Sy, secrétaire politique de l’Adema, pressenti pour assurer la direction de campagne du candidat Dioncounda. Autre atout de ce dernier : sa bonne réputation auprès du personnel politique, qui lui ouvre moult possibilités d’alliances pour le second tour de scrutin.
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Cherif Ouazani, envoyé spécial à Bamako
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