Allemagne : l’Église catholique en pleine crise de foi
Indignés par le conservatisme de l’Église catholique et les scandales de pédophilie dans le clergé, nombre de fidèles allemands se détournent de la religion. Une situation suffisamment préoccupante pour que le pape Benoît XVI fasse le voyage jusqu’à Berlin.
Un centre-ville totalement bloqué et 6 000 policiers mobilisés. Le 22 septembre, pour la première visite officielle du pape Benoît XVI dans son pays natal, Berlin était en état de siège. La manifestation organisée par les associations hostiles à sa venue – et à son discours très critiqué devant le Parlement – avait été reléguée loin du parcours.
Le divorce est de plus en plus patent entre les Allemands et le catholicisme. À l’origine de cette rupture, l’écœurement suscité, en 2010, par le scandale des prêtres pédophiles. Le nombre des victimes reste difficile à évaluer, mais, selon certaines associations, il serait supérieur à 2 000. En outre, sous l’influence du protestantisme, deuxième religion du pays avec 24 millions de fidèles (presque autant que de catholiques), nombre de croyants souhaitent que l’Église s’adapte aux évolutions de la société en matière de mœurs : ordination des femmes, tolérance accrue envers les divorcés-remariés et les homosexuels, etc.
En début d’année, un mémorandum signé par 143 théologiens intitulé « Un renouveau indispensable » avait apporté un soutien remarqué à ces revendications. De manière assez plaisante, au cours de son séjour berlinois, le pape a eu l’occasion de rencontrer le président de la République, Christian Wulff, qui est divorcé et remarié, et le maire de Berlin, Klaus Wowereit, qui n’a jamais caché son homosexualité.
Compassion
Il paraît urgent de réagir, car l’Église subit une véritable hémorragie. En 2010, 181 000 fidèles ont entrepris des démarches officielles pour la quitter (47 % de plus qu’en 2009). Cette désaffection a aussi des conséquences financières. Tout Allemand se déclarant croyant a en effet l’obligation de verser un impôt cultuel, prélevé à la source, représentant 9 % de l’impôt sur le revenu. Avec seulement 170 000 baptêmes et 3 500 conversions (dont une majorité d’anciens protestants) l’an dernier, le déclin est amorcé.
Pour tenter de l’enrayer, Benoît XVI avait donc l’obligation de réagir. « Je peux comprendre ceux qui, face à de telles informations [la pédophilie, NDLR], se disent : “Ce n’est plus mon Église” », a-t-il déclaré dans l’avion qui le menait de Rome à Berlin. Une rencontre-surprise a également été organisée à Erfurt avec trois hommes et deux femmes victimes d’abus sexuels. Il leur a exprimé sa « compassion » et les a assurés que « ceux qui ont des responsabilités dans l’Église sont sérieusement engagés pour faire face aux crimes pédophiles ». Les victimes perçoivent actuellement une indemnisation de 5 000 euros. Mais elles réclament des gestes forts qui ne soient pas seulement financiers.
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