Guinée : le match continue

Le 27 septembre, la manifestation de l’opposition guinéenne a tourné à la confrontation avec le pouvoir. À l’approche des législatives, dont la date est contestée, la tension monte.

Des forces de l’ordre dispersent une manifestation, le 15 novembre 2010 à Conakry. Des forces de l’ © AFP

Des forces de l’ordre dispersent une manifestation, le 15 novembre 2010 à Conakry. Des forces de l’ © AFP

silver

Publié le 6 octobre 2011 Lecture : 2 minutes.

Le match s’est joué à Conakry, le 27 septembre. Passant outre l’avis de l’Alliance pour la démocratie et le progrès (opposition modérée) et bravant l’interdiction de manifester décrétée par le gouverneur de Conakry, l’équipe du Collectif des partis politiques pour la finalisation de la transition (opposition radicale) a maintenu sa manifestation contre la tenue des législatives du 29 décembre. L’opposition guinéenne se plaint en effet de ne pas avoir été associée au choix de cette date.

Les militaires, qui jouaient les hooligans sous Lansana Conté et Moussa Dadis Camara, ont été appelés par le chef d’état-major à rester dans leurs casernes, et le match s’est disputé hors du stade du 28-Septembre, célèbre par les massacres qui s’y sont déroulés il y a deux ans. Bilan officiel des confrontations de rue : deux morts et une quarantaine de blessés, dont trente-deux gendarmes.

la suite après cette publicité

Alors que le pouvoir mettait tout en œuvre pour éviter la manifestation (fermeture du stade, déploiement de forces de l’ordre, appel au dialogue…), l’opposition radicale tentait de le pousser à la faute (ni itinéraire, ni meneur de cortège…). « Par discipline, nous allons écouter le Premier ministre, mais nous ne voyons pas ce qui pourra nous empêcher de faire notre protestation », avait même prévenu Cellou Dalein Diallo à la veille d’une rencontre avec Mohamed Saïd Fofana. Lors de cette concertation, le 26 septembre, Sidya Touré, un autre ténor de l’opposition, avait exigé – en vain – une nouvelle date « consensuelle » des législatives, la restructuration de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) et la suspension du recensement.

Au lendemain de la marche, alors que l’opposition réclamait la démission du gouverneur de Conakry et du ministre de la Sécurité, la justice annonçait l’ouverture prochaine des procès des 322 opposants arrêtés lors des manifestations.

Balle au bond

L’heure est aussi à l’autosatisfaction. L’opposition se réjouit d’avoir paralysé la capitale ; le pouvoir s’enorgueillit de voir s’affirmer l’autorité du président sur l’armée, dont certains éléments ont tenté de l’assassiner le 19 juillet. Chacun a crié victoire, comme après un match nul. Un match suivi de près par la France, l’Union européenne et les États-Unis, qui ont mis la pression sur les deux camps. « Nous verrons comment, avec l’aide de la communauté internationale et de tous les Guinéens, renouer les fils du dialogue », a indiqué Sidya Touré, qui a saisi au bond la balle de la discussion relancée, le 28 septembre, par Alhassane Condé, ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation.

la suite après cette publicité

Après s’être mesurés dans la rue, l’opposition et le pouvoir, auxquels se sont joints la société civile et le Conseil national de la transition (CNT), devraient se retrouver sur le terrain de la négociation. La partie n’est pas finie. 

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Des forces de l’ordre dispersent une manifestation, le 15 novembre 2010 à Conakry. © AFP

Guinée : les autorités répriment les manifestations à Conakry

Contenus partenaires