Congo-Brazzaville : médias en quête de fonds

Si une quarantaine de télévisions privées animent aujourd’hui le paysage audiovisuel du Congo-Brazzaville, ouvert en 2001, la plupart sont toujours à la recherche d’une stabilité financière.

Maixent Foukou, présentateur sur DRTV, principale chaîne privée congolaise. © Baudouin Mouanda pour J.A

Maixent Foukou, présentateur sur DRTV, principale chaîne privée congolaise. © Baudouin Mouanda pour J.A

ProfilAuteur_TshitengeLubabu

Publié le 3 octobre 2011 Lecture : 3 minutes.

Survivre, d’abord, puis passer au tout numérique en 2015 : voilà les défis qui attendent les télévisions privées du Congo. Pour les relever, tous les moyens sont bons. Nombreux sont ainsi les Brazzavillois qui connaissent le No Comment d’Euronews repris à la sauce locale. De quoi s’agit-il ? Paul Soni-Benga, directeur général de Digital Radiotélévision (DRTV), répond : « Nous bénéficions d’une situation de monopole, mais d’autres chaînes arrivent et reprennent ce qui avait fait notre notoriété. Notre espace publicitaire rétrécit. C’est pourquoi nous avons créé No Comment. Comme les Congolais aiment bien se voir à la télévision, nous allons les filmer et nous diffusons un reportage de une minute sur leur vie. Les intéressés paient le prix d’un spot publicitaire, c’est-à-dire 45 000 F CFA [68 euros, NDRL]. » La téléréalité a encore de beaux jours devant elle…

Depuis l’ouverture de l’espace audiovisuel, en 2001, le Congo-Brazzaville a vu apparaître quarante chaînes de télévision privées, dont sept basées dans la capitale, selon le Conseil supérieur de la liberté de communication, qui attribue et retire les autorisations d’émettre. La première télévision privée, DRTV, a été fondée en 2002 par le général Norbert Dabira. La Compagnie française de l’Afrique de l’Ouest (CFAO), qui avait besoin d’une campagne publicitaire, cherchait un partenaire. Une aubaine pour Dabira, qui va s’en charger pendant trois ans contre 200 millions de F CFA, somme qui lui permet d’acheter les émetteurs.

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"Accorder la parole à l’opposition"

Une autre aide inattendue vient compléter sa participation personnelle : celle des opérateurs de téléphonie mobile Libertis et MTN (325 millions de F CFA). Aujourd’hui, mieux équipée que ses concurrentes, DRTV emploie une centaine de salariés et collaborateurs, avec un budget annuel d’environ 500 millions de F CFA. DRTV s’est diversifiée en créant DRTV Force One, plus culturelle, en ouvrant une antenne à Pointe-Noire et en s’équipant pour diffuser par satellite DRTV International. La grande ambition de Dabira est d’en faire « la chaîne du bassin du Congo », en partenariat avec les pays de la région.

Parmi les chaînes plus récentes, on peut citer Top TV (2009). Sa fondatrice, Claudia Lemboumba Sassou Nguesso, fille du président congolais, l’avait destinée au soutien du candidat Sassou Nguesso, alors en campagne. Une fois celui-ci réélu, Top TV est devenue généraliste. Pour le moment, il n’est pas encore question de rentabilité, mais seulement de stabilité. Également créée en 2009, Média Numérique TV (MN TV) appartient, elle, à Maurice Nguesso, frère du président. Selon son directeur, Elie Smith, l’investissement global s’élève à quelque 300 millions de F CFA. Si son personnel manque d’expérience, le projet le plus urgent de MN TV est d’être diffusée par satellite, à partir de décembre. Un investissement évalué à 1,8 milliard de F CFA pour celle qui s’enorgueillit d’être « la seule télévision à accorder la parole à l’opposition ».

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Si d’autres chaînes comme Réhoboth, DVS Plus Télé, Canal Bénédiction Plus, Canal Océan, Canal 7 TV animent le paysage audiovisuel congolais, elles sont toutes confrontées à la même difficulté : l’étroitesse du marché publicitaire. Un spot de une minute coûte entre 40 000 et 45 000 F CFA à peine, quand les clients ne marchandent pas ! Pour Soni-Benga, « ceux qui doivent communiquer n’ont pas encore compris le rôle que peut jouer la télévision pour améliorer leur image et leur chiffre d’affaires ». Le manque général de moyens explique le fréquent recours à des clips sans grande valeur artistique, à des films dont on ne dispose pas des droits ou à de curieuses recettes de téléréalité… 

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Tshitenge Lubabu M. K., envoyé spécial.

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