Soudan du Sud : l’économie sous pression

Le président soudanais Omar el-Béchir a ordonné de bloquer le transit du pétrole sud-soudanais via les infrastructures soudanaises. Une décision qui pourrait avoir des conséquences économiques désastreuses pour les deux pays.

Le Soudan du Sud, qui produit actuellement 225 000 barils par jour, se priverait de 98% de ses revenus et de sa principale source de devises, en cas de blocage des oléoducs. © AFP

Le Soudan du Sud, qui produit actuellement 225 000 barils par jour, se priverait de 98% de ses revenus et de sa principale source de devises, en cas de blocage des oléoducs. © AFP

Publié le 12 juin 2013 Lecture : 2 minutes.

« Bien sûr que vous avez beaucoup de problèmes à résoudre, bien sûr l’avenir ne va pas être facile, mais vous avez beaucoup de ressources, non seulement des ressources naturelles mais aussi des ressources humaines ». Cet avenir, et plus précisément l’avenir économique du Soudan du Sud s’est brutalement assombri presque un mois après que l’ex patron du Fonds monétaire international, Dominique Strauss Kahn, ait prononcé cette phrase lors de l’inauguration de la National Credit Bank à Juba.

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En cause, la décision, samedi 8 juin, du président soudanais Omar el-Béchir de revenir sur une série d’accords avec le Soudan du Sud sur la sécurité et le pétrole. La consigne est notamment de « stopper le processus de transport et d’exportation de pétrole sud-soudanais dans les 60 jours, à partir du dimanche 9 juin », a confirmé le ministère du pétrôle soudanais, cité par l’AFP. Les instructions auraient été transmises mardi aux hauts responsables des compagnies GNPOC et Petrodar, par le ministre lui même, Awad Ahmad al-Jaz.

Khartoum ne permettra pas que les revenus pétroliers du Sud « soient utilisés pour soutenir des rebelles contre le Soudan », avait menacé Omar el-Béchir, dans un discours rapporté par Suna. « Nous prévoyons de fermer les oléoducs dans les soixantes jours mais pourrions revenir sur cette décision », a néanmoins tempéré, dimanche, le ministre de l’information aux journalistes. « La porte est ouverte à une réflexion rationnelle, mais nous n’autoriserons pas le soutien aux rebelles », a ajouté Ahmed Belal Osman.

Conséquences économiques dramatiques

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Le pétrole sud-soudanais avait recommencé à transiter par le Soudan en avril, après une interruption de plus d’un an due à la montée des tensions, en particulier autour du partage des recettes et du coût du transit. La rupture des flux pétroliers avait alors mis sur les genoux les économies des deux voisins, en proie à des déficits et une forte inflation, liés au manque de pétrodollars.

Ce second blocage aurait de nouveau des conséquences économique dramatiques, particulièrement pour le Soudan du Sud. Il reviendrait, en effet, à empêcher les exportations pétrolière de Juba, qui n’a pas d’autre option pour vendre son or noir que de passer par les oléducs courant au nord sur 1.500 km jusqu’au terminal de Port-Saïd sur la Mer rouge. Le pays, qui produit actuellement 225 000 barils par jour, se priverait ainsi de 98% de ses revenus et de sa principale source de devises, faisant ainsi chuter la valeur de sa propre monnaie.

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Dépendance

En devenant indépendant en juillet 2011, le Sud a hérité de 75% des réserves de pétrole mais dépend exlusivement des infrastructures soudanaises pour stocker, raffiner et exporter son or noir. L’oléoduc permettant au Soudan du Sud d’exporter son pétrole via le Kenya n’est aujourd’hui qu’au stade de projet. Son coût s’élevera, en outre, approximativement à 3 milliards de dollars, selon le ministre des Finances Kosti Manibe. Une somme pour l’instant hors de portée pour les finances sud-soudanaise.

Des diplomates ont cependant exprimé des doutes sur à la réelle volonté du Soudan de bloquer les oléoducs. Son économie reste elle-même fortement dépendante des revenus du transit du pétrole sud-soudanais par ses installations. Le département d’Etat américain a, par ailleurs, demandé lundi à Kharthoum de renoncer à cette mesure.

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