Agriculture : producteurs d’huile de palme cherchent terrains

Soumis à des contraintes d’espace, les groupes asiatiques multiplient les accords en Afrique. Si le pari est parfois risqué, les perspectives de la demande mondiale en huile de palme leur laissent entrevoir un fort retour sur investissement.

Publié le 7 octobre 2011 Lecture : 3 minutes.

Agriculture africaine : enjeux et perspectives
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Agriculture africaine : enjeux et perspectives

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Favorisé par la révolution verte et dépourvu de cadre tarifaire, le business de l’huile de palme a de beaux jours devant lui. Face à une demande croissante, les groupes asiatiques, qui dominent le secteur, sont à court de terrains et opèrent un véritable retour aux sources en investissant les terres fertiles d’Afrique, d’où ils ont importé leurs premiers plants dans les années 1960. Si le pari est payant, la récompense sera énorme. Mais ce n’est pas sans risques, et les planteurs pourraient aussi y perdre leur chemise : développer une plantation de 300 000 ha coûte plus de 1,8 milliard d’euros, en incluant les usines pour écraser les fruits. Et beaucoup de pays qui accueillent ces investissements sortent de guerre ou d’une période d’instabilité.

Le malaisien Sime Darby, qui dispose d’environ 525 000 ha en production, est entré en négociation pour l’acquisition de 300 000 ha au Cameroun, en plus d’un bail signé l’an dernier sur 220 000 ha, au Liberia. L’indonésien Golden Agri Resources a signé un contrat similaire au Liberia. Le singapourien Olam détient une coentreprise sur 300 000 ha au Gabon, et le groupe Wilmar, également basé à Singapour, a récemment acquis une plantation d’Unilever au Ghana. D’autres producteurs sont en quête de terres en Côte d’Ivoire, en Sierra Leone, au Nigeria et en Ouganda.

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Pour l’instant, l’activité est rentable. Avec la tonne d’huile de palme brute négociée à Kuala Lumpur autour de 850 euros, les groupes de plantation vendent près de 500 euros au-dessus de leurs coûts de production. Cela se traduit par une hausse marquée des bénéfices. Golden Agri Resources, coté à Singapour, a ainsi annoncé au printemps 147 % d’augmentation de son bénéfice net, à 1,05 milliard d’euros pour 2010. Et ce, malgré le fait d’avoir été mis sur liste noire, l’an dernier, par les groupes agro­alimentaires Unilever, Nestlé et Kraft Foods, à la suite d’un rapport de Greenpeace qui l’accuse d’avoir détruit des zones de forêt tropicale pour planter des palmiers à huile – ce que réfute Golden Agri Resources. De son côté, Sime Darby a divulgué à la même période une augmentation de 104 % de son bénéfice net au deuxième trimestre 2011, à 610 millions d’euros.

Source d’énergie

Et les prix ne devraient pas baisser : la demande reste forte pour les huiles comestibles, et les exportations vers l’Inde et la Chine, où l’appétit pour les produits transformés à base d’huile de palme (pâtisseries, chocolat et crèmes glacées) ne se dément pas, augmentent fortement. L’huile de palme est par ailleurs de plus en plus utilisée comme source d’énergie (moins de 10 % de la production actuellement). Ken Arieff Wong, analyste chez Nomura à Kuala Lumpur, estime que la consommation a augmenté de 5,2 % l’an dernier, tandis que la production n’a crû que de 1 %.

Car l’offre est fortement contrainte. La Malaisie, responsable d’environ 40 % de la production, a très peu de terrains encore disponibles pour les plantations. Certes l’Indonésie, qui produit plus de 45 % des approvisionnements mondiaux, compte beaucoup de terres ; mais la plupart sont des forêts vierges soumises à un moratoire de deux ans, voté en janvier dernier…

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Heureusement, la plupart des grandes entreprises ont des surfaces encore disponibles. En outre, la production peut être augmentée en améliorant les rendements : passer de 4 t d’huile par hectare aux 6 t produites par les meilleurs arbres ferait une grande différence. Enfin, des recherches sont menées sur des modifications génétiques qui pourraient accroître les rendements jusqu’à 8 t. Mais tout ceci est pour le futur, alors que les plantations sont opérationnelles sur des cycles de vingt-cinq ans – la durée de vie des arbres. En attendant, les terres africaines se révèlent providentielles.

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