Maroc : Mohammed Chakib Rifi se branche sur le mobile

Après avoir réussi dans l’industrie informatique, le jeune fondateur de DataPlus, Mohammed Chakib Rifi, se lance dans la fabrication de téléphones portables. Avec l’appui du fonds Investima, nouvel actionnaire.

Avec DataPlus, Mohammed Chakib Rifi a une part de marché de 18% sur le créneau des ordinateurs. © Hassan Ouazzani pour J.A.

Avec DataPlus, Mohammed Chakib Rifi a une part de marché de 18% sur le créneau des ordinateurs. © Hassan Ouazzani pour J.A.

ProfilAuteur_MichaelPauron

Publié le 7 octobre 2011 Lecture : 3 minutes.

À 34 ans, le Marocain Mohammed Chakib Rifi sera bientôt à la tête de la première entreprise du pays à fabriquer des téléphones portables made in Morocco. D’un montant de 350 000 euros, le projet pourrait voir le jour en 2012. « Les prototypes, conçus d’après le cahier des charges des opérateurs locaux, ont été reçus il y a quinze jours, et nous sommes en train de les programmer et de réaliser le packaging », explique le jeune patron de DataPlus. La société mise sur l’identité culturelle de son produit. Farouche promoteur du savoir-faire marocain, Mohammed Chakib Rifi n’exclut pas d’avoir recours à des fabricants locaux pour certaines pièces, même si la plupart des composants seront fabriqués en Asie.

La chaîne de montage sera située dans les étages inutilisés de son usine d’assemblage d’ordinateurs Olivetti. Avec 18 % de part de marché sur ce secteur au premier trimestre 2011 et un chiffre d’affaires 2010 estimé à 7 millions d’euros – l’homme, très discret, ne révélera pas le montant précis –, DataPlus s’est taillé une solide réputation face à Hewlett-Packard et Dell, les deux premières marques du royaume. Et compte bien en faire autant avec ses téléphones.

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Une succes story

L’aventure démarre en 1999 avec 10 000 euros, Mohammed Chakib Rifi n’a que 22 ans. Après une sérieuse formation chez Samsung, ce diplômé de Polytech Lille (France) devient le premier opérateur privé marocain de services télécoms et informatiques, en installant une trentaine de standards téléphoniques dans le pays. En quelques années, sa start-up s’impose dans le paysage économique.

Alors qu’il vend déjà du matériel informatique, il fait en 2004 une rencontre décisive. À l’occasion d’un salon à Dubaï, il aborde l’un des dirigeants du fabricant italien Olivetti. Ce dernier lui indique avoir quasi conclu un deal avec l’Égypte pour installer une usine d’assemblage, à destination du marché maghrébin et de l’Europe. L’entrepreneur marocain ne se démonte pas et lui propose de venir s’installer au Maroc, plus près, lui dit-il, de l’Europe. L’affaire est oubliée quand, fin 2005, Mohammed Chakib Rifi reçoit un coup de téléphone d’Italie. La firme transalpine l’invite à une nouvelle rencontre, les négociations avec l’Égypte ayant finalement capoté. Quelques allers-retours et « beaucoup d’heures d’avion » plus tard, il reçoit le feu vert pour monter son usine. Il apportera 575 000 euros sur fonds propres et empruntera à la Société générale 300 000 euros.

Bientôt en bourse ?

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De 2 000 ordinateurs vendus à son lancement en 2007, DataPlus devrait atteindre 30 000 unités cette année. Ses principaux clients sont les administrations et les grandes surfaces. L’entreprise dispose en outre d’un réseau de revendeurs et de seize centres de maintenance agréés. Un développement rapide qui a suscité l’intérêt des investisseurs. Le fonds Investima (détenu par la Société générale, un portefeuille de 24 millions d’euros) vient d’acquérir 24 % du capital, pour 1 million d’euros. Investima devient actionnaire aux côtés de Mohammed Chakib Rifi et de son père. DataPlus est devenu, par la même occasion, une société anonyme. Et une cotation en Bourse est programmée pour dans deux à trois ans.

« J’ai beaucoup travaillé, au dépens parfois de ma vie personnelle », avoue ce père d’une petite fille de 6 ans, née d’un premier mariage. Mais il est homme à embrasser l’avenir plutôt qu’à contempler le passé avec nostalgie. Un heureux événement à venir, dans la foulée d’une seconde noce, l’en a convaincu. Aucun regret, donc, d’autant que la vie d’employé n’était pas faite pour lui. Aidé par un père « qui est toujours resté salarié » pour assurer l’avenir de son fils, « le travail a fini par payer ». Aujourd’hui membre actif du Cercle des jeunes entrepreneurs, il veut transmettre sa passion aux jeunes. 

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