Allemagne : pirates à l’abordage
Démocratie directe, libre accès au savoir, gratuité des transports… Les contestataires du Piratenpartei ont largement séduit les Berlinois lors des élections du 18 septembre.
C’est le coup de tonnerre d’un scrutin annoncé sans surprise. Réélu pour la troisième fois, Klaus Wowereit, le maire social-démocrate de Berlin, va devoir compter avec une nouvelle force politique, le Parti Pirate. Lors des élections du 18 septembre, ce mouvement contestataire a en effet obtenu 8,9 % des voix et quinze sièges à la Chambre des députés du Land. Il avait pourtant mené une campagne minimaliste. Et d’un coût ridicule : 50 000 euros. Les « Pirates » eux-mêmes ne s’attendaient pas à un tel score.
Le vote des jeunes
Créé en Suède en 2006, le parti existe aujourd’hui dans une quarantaine de pays. Marginal presque partout, c’est dans son pays d’origine qu’il l’est le moins : deux sièges au Parlement européen. Ni de gauche ni de droite, le Piratenpartei a pour principales revendications la démocratie directe sur internet, l’accès illimité aux savoirs et la légalisation de l’échange gratuit de fichiers. Au-delà, il se prononce, pêle-mêle, pour la gratuité des transports, la « communalisation » de l’eau, la légalisation de certaines drogues, le droit de vote sans limite d’âge et le revenu minimum pour tous. Des idéaux qui ont séduit la jeunesse libre et branchée de Berlin. Selon les sondages sortie des urnes, le parti a réuni jusqu’à 14 % des suffrages chez les 18-35 ans. Difficile cependant de dresser un portrait-robot de son électeur type. Mais celui-ci semble être plutôt de sexe masculin, urbain, éduqué et exerçant une profession comme informaticien, enseignant ou ingénieur.
Défaite cuisante des libéraux
Une description qui convient également à ses nouveaux élus : quatorze hommes et une femme dont la moitié a moins de 30 ans. Jusqu’ici bénévoles, ils sont critiqués pour leur manque d’expérience, ce qu’Andreas Baum, son leader, ne conteste pas. « Mais nous allons apprendre très vite », prévient-il.
Le score imprévu des Pirates a entraîné la défaite des grands partis traditionnels. Le SPD et les Verts, par exemple, se sont fait voler quelques points dans la dernière ligne droite. Pour les libéraux, la défaite est encore plus cuisante : avec 1,8 % des voix (– 5,8 %), ils sont éjectés de la Chambre. Pour la coalition Union chrétienne-démocrate-Parti libéral-démocrate (CDU-FDP), conduite par Angela Merkel, la Superwahljahr (super-année électorale) a carrément tourné au cauchemar.
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Gwénaëlle Deboutte, à Berlin.
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