Un Marocain à Tripoli

Publié le 6 octobre 2011 Lecture : 1 minute.

Dans l’ordre du choc des cultures, les préjugés entre peuples du Maghreb sont tenaces. Aux yeux de leurs voisins, les Libyens sont souvent présentés comme un peuple fruste et paresseux.

Une image aujourd’hui balayée par l’éveil d’une fierté nationale toute nouvelle : « Nous avons dépassé en courage les autres révolutions arabes. » Les Libyens fredonnent ce refrain lors des rassemblements publics : « Lève haut ta tête, tu es un Libyen libre ! » La proximité de la langue, des histoires, bref de la culture, instille de l’émotion et crée une solidarité immédiate. Balayant ses quarante-deux années de léthargie, la Libye libre interroge logiquement le calme trompeur en Algérie et au Maroc.

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Alger n’a pas reconnu le CNT et ne pourra pas retarder très longtemps une décision de bon sens. Mais le peuple libyen jure ne pas en tenir rigueur aux Algériens. Tout au plus s’étonne-t-on de la frilosité d’un peuple n’osant pas défier une armée associée au pouvoir depuis des décennies. Les Libyens donneraient-ils des leçons de catéchisme révolutionnaire ? En tout cas, une sorte de bienveillance s’exprime à l’égard du Maroc. La Commanderie des croyants fascine. Je n’ai nulle part ailleurs entendu autant de passionnés de l’histoire des Almoravides qu’à Tripoli. Reste à savoir, me dit-on, pourquoi les Marocains ne font guère preuve d’esprit révolutionnaire « à la libyenne » ? Mon interlocuteur a deux explications : « Soit les réformes sont bien réelles, soit vous n’avez pas de colonne vertébrale. » Parce qu’elle invite à la curiosité et à la comparaison, la liberté est une excellente nouvelle !

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La foule écoute le premier discours de Mustapha Abdeljalil, le 12 septembre à Tripoli. © Aude Osnowycz

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