Angola : Dos Santos chahuté
Alors qu’il fête le trente-deuxième anniversaire de son accession au pouvoir, le président angolais est confronté à une contestation croissante.
![Le président angolais Jose Eduardo Dos Santos, le 17 août à Luanda. © AFP/Stephane de Sakutin](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2011/09/30/030092011180101000000dos-santos.gif)
Le président angolais Jose Eduardo Dos Santos, le 17 août à Luanda. © AFP/Stephane de Sakutin
En termes de longévité présidentielle, l’inusable José Eduardo dos Santos, 69 ans, n’a pas à se plaindre : il occupe le deuxième rang mondial. Seul Teodoro Obiang Nguema, son homologue équato-guinéen, le devance de… quarante-neuf jours. En Angola, le dernier scrutin présidentiel remonte à 1992. Malgré vingt-sept ans de guerre civile, le pays s’est beaucoup enrichi grâce au pétrole. Mais tout cela ne suffit plus pour bon nombre d’Angolais, las de subir ce pouvoir autoritaire. Galvanisés par les révoltes populaires en Afrique du Nord, une poignée de jeunes avaient appelé – via des réseaux sociaux – à manifester dès le mois de mars. Seules douze personnes avaient osé se rendre à ce premier rendez-vous et réclamer « une nouvelle révolution ».
Arrestations
Mais aussitôt le pouvoir s’inquiète et prend ce petit rassemblement très au sérieux. Le 3 septembre, une manifestation, cette fois autorisée, rassemble des centaines de jeunes dans les rues de Luanda. Ils exigent la fin de « trente-deux ans de corruption et de mauvaise gouvernance ». La police arrête vingt et une personnes, qui seront condamnées à des peines de prison. Le 8 septembre, nouvelle marche et arrestation de dix-huit personnes.
Comment en est-on arrivé là ? « Ce vent de revendications démocratiques n’est pas nouveau, explique Lisa Rimli, chercheuse à la division Afrique de l’ONG Human Rights Watch. Il est à replacer dans un contexte marqué par les élections de 2008, remportées par le parti au pouvoir, et, surtout, par l’adoption d’une nouvelle Constitution en 2010, qui stipule que le président sera désormais élu au suffrage indirect. L’espace des libertés s’est rétréci. » Selon la chercheuse, ces jeunes manifestants n’appartiennent à aucun parti politique. Leur détermination inquiète le pouvoir, « car tous les mécanismes qu’il a mis en place pour étouffer toute contestation, comme la corruption et les intimidations, ont échoué ». « Pour justifier la répression et faire peur, le gouvernement brandit la menace d’une reprise de la guerre civile », conclut Lisa Rimli. Jusqu’au prochain épisode.
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